Abstract |
À ce jour, force est de constater que le système d’échanges de denrées alimentaires tel que balisé par l’Organisation mondiale du commerce et son Accord sur l’agriculture n’a pas su enrayer la faim et la malnutrition à l’échelle du globe. Aidée par l’évolution du droit international et par la vision altermondialiste de certains acteurs non-étatiques, l’émergence des concepts de sécurité alimentaire et de souveraineté alimentaire teinte néanmoins les possibilités de développement agricole susceptibles de concourir à ces visées. Le Sénégal, un pays importateur net de produits agricoles, évolue de surcroît dans un contexte régional et international intégré supportant le paradigme de libéralisation des échanges des denrées alimentaires. Il en découle que les possibilités de développement de ses filières agricoles locales pour la réalisation de la souveraineté alimentaire dans une perspective d’amélioration ou d'atteinte de la sécurité alimentaire s’en trouvent façonnées. Plus particulièrement, le présent travail montre que l’évolution historique de l’organisation économique de l'industrie laitière sénégalaise a contribué à entretenir une dépendance face à la consommation de lait et de produits laitiers importés. Ce faisant, les déterminants de la sécurité alimentaire des populations urbaines et rurales se trouvent aujourd’hui davantage façonnés par les activités de la filière laitière d’importation que par celles de la filière laitière locale. Cependant, l’environnement législatif national et régional, tout comme les différentes politiques agricoles sénégalaises tendent à vouloir rectifier la situation. Alors que la flambée des prix du lait et des produits laitiers en 2006 est venue affecter négativement la sécurité alimentaire des populations, il semble que la réalisation de la souveraineté alimentaire prônée par la Loi d’orientation agro-sylvo-pastorale sénégalaise (LOASP), par la Politique agricole de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africain (PAU) et par la Politique agricole régionale de l’Afrique de l’Ouest (ECOWAP) soit d’autant plus nécessaire pour assurer un développement agricole et rural adéquat. Bien que plusieurs perspectives existent pour y parvenir, nous verrons que les contextes nationaux, régionaux et internationaux posent néanmoins quelques défis de taille.
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