En Haïti, en lien avec la topographie accidentée du territoire, une agriculture vivrière générant une forte érosion est couramment pratiquée. La demande constante en charbon pousse par ailleurs la population rurale fragile à des coupes excessives d’arbres. L’érosion avancée des bassins versant du pays provoque des dégâts considérables.
Dans cet article, la cartographie participative est proposée face aux échecs courants des projets de lutte antiérosive. Une maquette en trois dimensions de la zone d’action est construite dans la communauté, présentant les services de base à la population dans la zone ainsi que l’usage actuel des terres. Des séances d’animation sont organisées autour de cette maquette et des consensus se dégagent pour la mise en œuvre des structures antiérosives. Des propositions globales pour le développement et l’aménagement de la zone sont aussi faites.
Les résultats sont prometteurs pour le traitement des ravines et pour la restauration de surfaces boisées, mais l’implantation des structures antiérosives dans les parcelles agricoles reste difficile. De nouveaux revenus se dégagent rapidement dans les ravines restaurées, ainsi que par la diversification maraîchère sur les terres fertiles. Les paysans deviennent acteurs de la réflexion concernant l’aménagement de leur territoire et les techniques antiérosives sont mieux comprises, choisies et maîtrisées.
L’expérience présentée apporte des premiers résultats probants et pourrait être reproduite, mais soulève le besoin d’autres actions à mettre en œuvre aux niveaux régionaux et nationaux pour réussir la lutte antiérosive en Haïti, comme le traitement de la question foncière et l’utilisation d’énergies alternatives au charbon de bois.