Cette étude a été entreprise pour évaluer le risque de survenue de l’asthme en
rapport avec l'utilisation agricole des eaux usées brutes, la présence des parasitoses
intestinales et les conditions de vie en milieu rural.
L’étude a concerné 216 sujets âgés en moyenne de 28,6 ± 19,4 ans, appartenant à
deux douars, utilisant les eaux usées brutes en agriculture et 120 sujets âgés en moyenne de
32,3 ± 19,5 ans, appartenant à un douar de référence qui n’utilise pas les eaux usées. Chaque
personne consentante a bénéficié d’un examen clinique complet avec recueil de
renseignements anamnestiques. La présence de l'asthme s’est basée sur le questionnaire
ISAAC. Les sujets d’étude ont également bénéficié d’examens anthropométriques,
parasitologiques des selles et d’une numération des éosinophilies.
La prévalence de l’asthme est significativement plus élevée au niveau de la
population exposée. Elle est significativement plus élevée chez les sujets présentant une hyper
éosinophilie. Elle est également plus élevée chez les maigres, les tabagiques actifs, les jeunes
enfants âgés de moins de 10 ans. Elle est plus faible chez les sujets à forte promiscuité et les
porteurs d’une parasitose intestinale.
La prévalence significativement plus élevée chez la population exposée aux eaux
usées n’est pas en accord avec l'hypothèse hygiéniste dans sa composante infectieuse.
D’autres facteurs, notamment l’exposition atmosphérique et d’autres allergènes, sont
probablement en cause. Mais au sein de la population exposée, l’hypothèse hygiéniste est
confirmée, la prévalence est plus basse chez les familles nombreuses et les porteurs de
parasitoses. En tout état de cause, des mesures préventives s’imposent en insistant sur
l’éducation sanitaire et le traitement adéquat des eaux usées avant leur rejet dans la nature et
a fortiori si leur utilisation est envisagée