Les mutations du secteur agricole bamiléké (Cameroun) étudiées à travers ses acteurs : Une analyse à partir des localités de Fokoué et de Galim

Type Thesis or Dissertation - Docteur en Sociologie
Title Les mutations du secteur agricole bamiléké (Cameroun) étudiées à travers ses acteurs : Une analyse à partir des localités de Fokoué et de Galim
Author(s)
Publication (Day/Month/Year) 2008
URL https://pastel.archives-ouvertes.fr/pastel-00004919/document
Abstract
Les mutations du secteur agricole bamiléké (Ouest-Cameroun) ont été très
importantes depuis le milieu des années 80, marqué par la chute des prix du café, alors
principale production du pays Bamiléké, et la crise économique au Cameroun.
La première partie présente le contexte de la recherche et définit la
méthodologie suivie en particulier la question centrale, les hypothèses et les méthodes
de collecte des données : plus de 200 enquêtes auprès des différents types d'acteurs et
en particulier 75 questionnaires et 40 entretiens auprès d'agriculteurs de Fokoué et de
Galim. Quatre types de dispositifs sont étudiés au niveau régional dans la deuxième
partie et au niveau de Fokoué et de Galim dans la troisième partie qui s’intéresse
aussi particulièrement aux agriculteurs de ces deux localités.
Ces mutations ont touché tous les acteurs de ce secteur agricole : les
agriculteurs qui ont été obligés de se reconvertir vers d'autres productions pour
certains (maraîchage) ou d’intensifier celles déjà existantes pour d’autres (maïs,
haricot, etc.) ; un certain nombre d’entre eux ont été amenés à se regrouper dans des
organisations paysannes, les groupes d'initiative commune (GIC) qui sont 5 500 dans
la région. L'Union Centrale des Coopératives Agricoles de l'Ouest (UCCAO), qui est
depuis longtemps l’alliée de l’Etat et du parti au pouvoir, est en très fort déclin et a
perdu le monopole de l’exportation du café. Au contraire, les commerçants d'intrants
(300 points de vente environ dans la région) et de produits agricoles ont pris une
importance considérable. A partir de 1992, les organisations non gouvernementales
(ONG) se sont aussi développées. Depuis 2003, l'État, avec les services du ministère
de l'Agriculture et les programmes-projets de développement agricole, reprend une
certaine place.
Dans cette thèse, le concept de dispositif (Foucault, Moisdon, Maugeri, RIDTINRA)
est l'outil principal d'analyse de ce secteur agricole. Un dispositif est un
ensemble hétérogène de composantes humaines, matérielles, non humaines et
immatérielles qui sont liées entre elles et sont en interaction entre elles et avec des
facteurs de l'environnement du dispositif, ces processus conduisant à des changements
observables.
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Les services rendus aux agriculteurs, c'est-à-dire des apports identifiables
bénéficiant à un ou plusieurs acteurs du secteur et contribuant au développement
agricole, sont les objectifs réels ou affichés des différents partenaires des agriculteurs
et de leurs organisations. Dans le pays Bamiléké, cette recherche a permis de
distinguer quatre types de dispositifs (ceux des commerçants, des ONG, de l’Etat et
de l’UCCAO) ne coopérant pas entre eux et structurés le plus souvent en filières
depuis le niveau régional jusqu'aux agriculteurs, mais reliés à des acteurs au niveau
national et international. Ainsi, les dispositifs organisés par les commerçants
d'intrants agricoles comprennent chacun une firme internationale agrochimique, un
importateur camerounais, des grossistes, des détaillants et des petits revendeurs
locaux. Les dispositifs d’intermédiation, soit par les ONG, soit par l'État (via les
services du ministère de l’Agriculture), vont des bailleurs de fonds internationaux aux
GIC et à leurs adhérents agriculteurs. L’UCCAO collectait/collecte pour l’export à
travers ses coopératives départementales et leurs magasins locaux.
Les dispositifs fortement influencés par les bailleurs de fond étrangers (ceux de
l'État et ceux des ONG) sont des dispositifs de contrainte et de sélection et offrent des
financements, du matériel et bien d’autres appuis. Ils ne touchent qu'un nombre très
limité d'agriculteurs à travers les organisations paysannes. Les dispositifs promus par
les commerçants d'intrants sont des outils d'expansion du marché et diffusent des
conseils techniques auprès des agriculteurs clients. Ils touchent le plus grand nombre
d’agriculteurs et ont la particularité d’être en contact avec les agriculteurs individuels.
Mais la logique du profit et de la concurrence influence souvent les conseils donnés.
Les services offerts aux agriculteurs du pays Bamiléké sont donc surtout ceux
des commerçants privés. Les services de commercialisation ou de transformation des
produits agricoles, de financement et d’assurance manquent le plus souvent. Presque
aucune coordination n'existe entre les dispositifs ou à l'intérieur de ceux-ci.

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