Cette étude montre comment, dans le massif forestier à l’Est de Kribi au Sud-Cameroun, des acteurs aux
rapports dissymétriques se côtoient. L’État, propriétaire légal des espaces forestiers, les agro-industries,
les compagnies forestières et les élites, considérés comme acteurs exogènes par les locaux, ils accaparent
d’immenses espaces forestiers au détriment des communautés locales Bagyéli (Pygmées) et Bantou. Il
s’ensuit une dégradation de leur qualité de vie et leurs protestations demeurent sans effet. Cette situation
est due à la cohabitation des dispositions modernes des droits sur la terre qui confèrent à l’État la
propriété de toutes les terres non immatriculées, avec le mode d’utilisation communautaire de l’espace
forestier considéré comme patrimoine ancestral sur la base de la «loi du premier occupant» et du «droit de
hache».
En outre, ces acteurs exogènes transforment le contexte démographique et économique originel et
suscitent diverses réponses paysannes dont les effets perturbateurs se ressentent tant au sein des
communautés locales que sur le milieu forestier. Cela aggrave la précarité des populations locales et
exacerbe les tensions qui aujourd’hui sont davantage latentes.