La région de l’Extrême-Nord est un milieu assez difficile (sécheresse
récurrente, épidémies, surpeuplement, saturation foncière, etc.)
et par conséquent très vulnérable à la pauvreté. Ces difficultés qui sont
un véritable frein au développement des activités rurales a poussé
l’administration (à l’époque coloniale et après l’indépendance) à organiser
les déplacements des populations des zones défavorisées ou surpeuplées
(des montagnes surtout) vers les zones plus favorables et pas
ou peu occupées. Ces déplacements, qui étaient forcés au départ, sont
devenus spontanés, surtout avec la crise économique des années 1980.
Progressivement, les zones d’accueil se remplissent et les fronts pionniers
se déplacent. Ces vagues de migrations qui ont provoqué de profondes
mutations (développement de la culture du coton, densification
humaine et recomposition du tissu social, réorganisation de l’espace,
amélioration des techniques de culture, etc.) ne vont-elles pas
déboucher sur les mêmes problèmes que dans les zones de départ, à
savoir la saturation foncière et l’épuisement des terres, d’autant plus
que la jachère est en voie de disparition ou connaît un allongement de
sa durée ?