Enquête Nationale sur le Paludisme au Sénégal 2006

Type Report
Title Enquête Nationale sur le Paludisme au Sénégal 2006
Author(s)
Publication (Day/Month/Year) 2007
Publisher Ministère de la Santé et de la Prévention Médicale
URL https://www.dhsprogram.com/pubs/pdf/MIS1/MIS1.pdf
Abstract
Le paludisme reste un problème de santé
publique majeur. Selon l’Organisation Mondiale
de la Santé, environ 40 % de la population
mondiale, habitant essentiellement dans les pays
à faible et moyen revenus, les plus pauvres du
monde, sont exposés au paludisme. Au Sénégal,
comme dans la majorité des pays au sud du
Sahara, le paludisme représente 35 % des motifs
de consultation, et demeure l’endémie majeure
et la première cause de morbidité et de mortalité
dans les groupes les plus vulnérables, à savoir
les enfants de moins de cinq ans et les femmes
enceintes.
Des activités nombreuses et diversifiées sont
menées dans le cadre du plan stratégique
national de lutte antipaludique par différents
acteurs. L’évaluation de ces activités permettra
donc d’apprécier les progrès réalisés dans la
lutte contre le paludisme.
L’Enquête Nationale sur le Paludisme au
Sénégal (ENPS) est la première enquête du
genre, entreprise dans le cadre du projet
MEASURE DHS, dont l’objectif est de mesurer
les taux de couverture des interventions de lutte
contre le paludisme au profit des groupes
vulnérables, à savoir les enfants de moins de
cinq ans et les femmes enceintes. L’ENPS est
une enquête par sondage, représentative au
niveau national ; elle a été conduite par le Centre
de Recherche pour le Développement Humain
(CRDH) avec l’assistance technique de Macro
International et l’appui financier de l’Agence
des États-Unis pour le Développement
International (USAID).
Au cours de l’enquête réalisée sur le terrain
de fin novembre à fin décembre 2006, 3 063
ménages ont été enquêtés avec succès (soit un
taux de réponse de 98,5 %) ; dans ces ménages,
6 655 femmes âgées de 15-49 ont été
interviewées avec succès (soit un taux de
réponse de 96,4 %).
Les informations recueillies dans l’enquête
sont représentatives au niveau national, au
niveau du milieu de résidence (urbain et rural) et
au niveau des onze régions administratives.
Les principaux résultats présentés dans ce
rapport sont résumés dans ce qui suit.
Les moustiquaires imprégnées d’insecticides
(MII) constituent la stratégie de base de
prévention contre le paludisme au Sénégal. Les
résultats de l’ENPS montrent que près de six
ménages sur dix (57 %)—contre 38 % dans
l’EDS-IV de 2005—possèdent au moins une
moustiquaire. La possession d’une MII demeure
encore plus faible : au niveau national, 36 % des
ménages en ont au moins une. En 2005, cette
proportion était seulement de 20 %.
Il est à noter que la pulvérisation
intradomiciliare (IRS) est très peu pratiquée au
Sénégal. En effet, les résultats de l’ENPS
montrent que moins de 3 % des ménages
enquêtés ont déclaré que les murs internes de
leurs habitations ont été pulvérisés. Aucune
différence importante n’apparaît selon le milieu
de résidence (2,8 % en milieu urbain contre
2,7 % en milieu rural). En ce qui concerne les
régions, l’IRS varie d’un minimum de 0 % à
Matam à 3,5 % à Kaolack. Seule la région de
Diourbel a un niveau de pulvérisation
relativement élevé qui atteint 11 %.
Près de trois enfants de moins de cinq ans
sur dix (28 %) ont dormi sous une moustiquaire
la nuit ayant précédé l’enquête, et 16 % ont
dormi sous une moustiquaire MII. En 2005, ces
proportions étaient respectivement de 14 % et de
7 %. Les différences entre les régions sont très
importantes : viennent en tête les régions de
Kolda (55 % et 41 % ont dormi la veille de
l’enquête respectivement sous une moustiquaire
quelconque—traitée ou non—et sous une
moustiquaire MII), Ziguinchor (67 % et 20 %) et
xii | Résumé
Fatick (34 % et 22 %). À l’opposé, les régions
de Louga (13 % et 6 %) et Dakar (16 % et 11 %)
détiennent des proportions très faibles d’enfants
de moins de cinq ans ayant dormi sous
moustiquaire quelconque et une MII.
Une des stratégies majeures de lutte contre
le paludisme chez les femmes enceintes est la
protection individuelle par l’utilisation des
moustiquaires MII et l’utilisation d’un traitement
préventif intermittent (TPI) pendant la grossesse.
Pour l’ensemble des femmes enquêtées de 15-49
ans, 24 % ont dormi la veille de l’enquête sous
une moustiquaire quelconque et 13 % sous une
moustiquaire MII. Pour les femmes enceintes,
les pourcentages ayant dormi sous une
moustiquaire quelconque (32 %) et une
moustiquaire MII (17 %) sont supérieurs aux
pourcentages pour toutes les femmes (enceintes
ou non). En 2005, le pourcentage de femmes
enceintes ayant dormi sous une moustiquaire
MII était inférieur à 9 %.
Au niveau de l’utilisation de la
chimioprévention, 87 % des femmes enceintes
ont pris des médicaments antipaludiques à titre
préventif au cours de la dernière grossesse
survenue au cours des deux années ayant
précédé l’enquête. Les écarts entre les régions
sont très importants. Le pourcentage de femmes
ayant pris des médicaments antipaludiques à
titre préventif au cours de leur dernière grossesse
dépasse 90 % dans les régions de Thiès (94 %),
Ziguinchor (94 %) et de Dakar (91 %). La
région la moins couverte est Matam (69 %). Par
ailleurs, environ 72 % des femmes ont reçu du
Fansidar pendant leur dernière grossesse, près de
69 % des femmes ont reçu le traitement
préventif intermittent de Fansidar pendant une
visite prénatale de routine, et presque une
femme sur deux (49 %) a reçu les deux doses ou
plus de TPI recommandées.
L’ENPS montre que parmi les enfants de
moins de cinq ans, près de quatre dix (37 %) ont
eu de la fièvre et/ou des convulsions au cours
des deux dernières semaines ayant précédé
l’enquête. Parmi les enfants ayant eu de la
fièvre, 22 % ont été traités avec des
antipaludéens et seulement 11 % (la moitié) ont
pris des antipaludéens de manière précoce, c’est-
à-dire soit le jour même où la fièvre est apparue,
soit le jour suivant. Les régions de Kolda (40 %)
et Fatick (34 %) viennent largement en tête alors
que celles de Thiès, Matam et Saint-Louis (entre
11 et 12 %) détiennent les plus faibles
pourcentages. On note que plus de 7 % des
enfants ayant eu de la fièvre ont été traités à la
chloroquine, et 4 % le même jour ou le jour
suivant l’apparition de la fièvre. Viennent
ensuite les combinaisons thérapeutiques
d’antipaludéens (CTA) spécifiques au Sénégal
(Amonate/Falcimon/Arsuman) : plus de 6 % des
enfants les ont reçues à un moment quelconque
et plus de 3 % les ont reçues rapidement. Les
autres médicaments administrés sont, par ordre
d’importance, les « autres antipaludéens » (4 %),
l’amodiaquine (4 %) et la quinine (3 %).
La majorité des antipaludéens (57 %) ont
été obtenus dans le secteur étatique (hôpital,
centre de santé, case de santé ou agent de santé),
en particulier des médicaments comme la
quinine (84 %) et les CTA spécifiques au
Sénégal (74 %). La pharmacie couvre 22 % de la
distribution de médicaments antipaludiques
(28 % pour les autres antipaludéens ; 26 % pour
la chloroquine et 24 % pour l’amodiaquine). En
outre, 11 % des enfants malades ont été traités
par des antipaludéens obtenus dans le secteur
médical privé (15 % pour les autres
antipaludéens et 12 % pour l’amodiaquine).
Enfin, 8 % des médicaments antipaludiques
administrés aux enfants malades se trouvaient
déjà à la maison, en particulier la chloroquine
(12 %) et les « autres antipaludéens » (10 %).

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