Abstract |
Le problème de retard de croissance staturale du jeune enfant, s’il a régressé de manière spectaculaire durant les deux dernières décennies, n’a pas totalement disparu dans certaines régions, en particulier au Sud et dans le Centre Ouest. Il est par conséquent intéressant de se pencher sur les déterminants locaux du retard de croissance pour comprendre d’une part, à quoi est due cette régression remarquable de la prévalence dans le passé, et pour favoriser d’autre part, une meilleure prévention au cours de la décennie présente, là où ce problème reste d’actualité. Un modèle causal, élaboré par une équipe multidisciplinaire de chercheurs tunisiens, a permis de concrétiser ces deux démarches. L’analyse des données disponibles montre que si la mère est analphabète, de petite taille, multipare (parité supérieure à 4), consomme une alimentation pauvre en protéines animales et/ou peu variée, alors l’enfant va présenter un risque élevé d’être petit pour son âge. De même, quand l’enfant consomme une alimentation faiblement diversifiée ou bien peu riche en protéines animales ou encore vit dans des conditions socioéconomiques basses, il a de forte chance d’être affecté par le retard de croissance staturale. Au niveau régional, la disparité de la prévalence du retard de croissance semble refléter celle d’un certain nombre d’indicateurs comme le taux de couverture des prestations sanitaires, le contrôle des naissances, le taux des consultations pré- natales, les conditions d’hygiène et de l’habitat, le niveau d’éducation nutritionnelle et sanitaire, la diversification alimentaire et l’apport en protéines animales. La surveillance de l’évolution de ces déterminants va permettre non seulement le ciblage des interventions dans ces régions à risque mais aussi l’anticipation d’une éventuelle évolution défavorable, suite surtout à l’intégration progressive de la Tunisie au marché libre et aux changements de l’alimentation qu’elle pourrait engendrer. |