Abstract |
Le noisetier d’Afrique (Coula edulis Baill. Olacaceae) est une espèce à usages multiples des forêts denses humides africaines. Elle produit des graines d’une grande valeur nutritive qui sont régulièrement collectées et commercialisées par les populations locales. Cependant, la valorisation et la domestication de ce produit forestier non ligneux (PFNL) est entravée faute de connaissances précises sur ses caractères reproductifs, son potentiel de production, ses mécanismes de régénération, et les perspectives de développement d'un marché commercial local pour ce produit. Une étude dédiée à cette espèce a donc été entreprise. L’objectif visé était d’améliorer les connaissances sur cette espèce afin de promouvoir sa place dans les systèmes agroforestiers et fournir des informations permettant d'assurer la conservation in situ de la ressource. Les résultats de l'étude montrent que C. edulis est utilisé selon une stratégie de subsistance par les populations, avant tout pour leur autoconsommation et éventuellement pour un revenu qui reste marginal. La reproduction de l'espèce est annuelle, garantissant une disponibilité régulière des fruits. Le diamètre minimum de floraison est de 10,6 cm tandis que le diamètre de fructification régulière est de 23 cm. L’accroissement annuel moyen de l’espèce est de 0,22 cm/an, une valeur similaire à celles observées chez d'autres arbres du sous-bois. La production fruitière est fortement liée au diamètre des tiges et varie d’une année à l’autre. En forêt naturelle, la dissémination de l'espèce est potentiellement assurée par sept espèces frugivores, le principal étant le potamochère, Potamochoerus porcus. Des rongeurs fouisseurs pourraient également jouer un rôle non négligeable dans la dispersion de C. edulis. Par contre, l'éléphant qui était soupçonné de contribuer significativement à la dispersion de l'espèce s'avère n'être qu'un disperseur anecdotique, voire nul. En matière de domestication, les stratégies ne devront pas être basées sur le semis, la germination de C. edulis étant très lente et échelonnée sur plusieurs années, avec des taux de levée très faibles. En revanche, le marcottage aérien a été un succès relatif sur cette espèce et présente l'avantage de maintenir le potentiel génétique de l'arbre multiplié. Les implications de ces résultats aussi bien en termes de gestion durable des peuplements naturels que de domestication de l'espèce dans un contexte agroforestier sont détaillés dans le document. Si l’on désire que les PFNL d’intérêt local comme C. edulis participent substantiellement au développement en milieu rural gabonais, il est essentiel d’orienter ces ressources à la fois dans une stratégie de gestion durable par leur domestication et leur intégration dans le cycle agricole et dans une stratégie de revenu supplémentaire où l’exploitation répond à une demande marchande. |