Peuplement et migration en Afrique de l'Ouest: une crise regionale en Cote d'Ivoire

Type Journal Article - Afrique contemporaine
Title Peuplement et migration en Afrique de l'Ouest: une crise regionale en Cote d'Ivoire
Author(s)
Issue 2
Publication (Day/Month/Year) 2003
Page numbers 151-165
URL http://www.africabib.org/rec.php?RID=260046914
Abstract
Un article récent sur la crise en Côte d’Ivoire souligne que la radicalisation de la problématique de l’ivoirité "entre en résonance avec des tensions sociales plus anciennes liées à la crise de l’emploi urbain et surtout à la crise agraire qui se manifestent par une manifestation très virulente de l’autochtonie" (Banégas et Losch, 2002).
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Le lien entre le problème d’accès à la terre (et plus généralement aux ressources) et le rejet de l’Autre est au cœur de la spirale de la haine qui semble entraîner inexorablement la Côte d’Ivoire à sa perte. Il a fait l’objet de discussions longues et tendues lors de la négociation des accords de Marcoussis en janvier 2003. Il est frappant de constater que les principaux points du premier programme du gouvernement de réconciliation défini dans le cadre de ces accords portent, d’une part, sur la nationalité et ses incidences (notamment l’éligibilité du président de la République) et, d’autre part, sur le régime foncier. Qui est ivoirien ? Qui peut posséder et exploiter la terre ? Telles sont les deux grandes questions qui sont au cœur de la crise.
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Ces questions seront replacées ici dans une perspective historique et prospective. Relire l’Histoire sur plusieurs décennies et tenter d’entrevoir les perspectives à long terme peut à première vue paraître paradoxal face à une situation qui fait chaque semaine de nouveaux morts et jette des milliers de personnes sur les routes de l’exode. Mais un tel exercice n’est pas antinomique avec l’action immédiate ; il peut au contraire l’éclairer. Il ne nie en aucune façon la réalité de la question foncière dans le sud du pays, tout en rappelant qu’elle est moins liée aux migrations (autant internes qu’externes) qu’à la situation agronomique connue depuis longtemps. Il permet de comprendre que les fondements des problèmes abordés à Marcoussis sont d’essence régionale et que ne pas reconnaître cette réalité historique et sociale revient à se priver d’un outil précieux pour les résoudre. Il propose la vision non pas d’une crise ivoirienne, mais d’une crise régionale en Côte d’Ivoire. Il remet sur la table une perspective têtue : celle du développement, inéluctable pour encore au moins une génération, d’importants flux migratoires régionaux vers les zones les plus prospères et vers les villes. Il suggère enfin que, pour préparer l’avenir et prévenir de nouvelles crises, la Côte d’Ivoire et ses voisins sahéliens ont tout intérêt à travailler ensemble à la valorisation et au peuplement de la région soudano-sahélienne qui est le nord de l’une et le sud des autres.

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