Le Burkina Faso est suffi samment connu pour
l’ampleur et l’importance des mouvements migratoires
qui caractérisent sa population, liés qu’ils sont à
l’histoire pré coloniale, coloniale et actuelle du pays.
La période précoloniale fut en effet marquée par des
mouvements de populations venues surtout du nord
du Ghana actuel et qui peuplèrent le territoire. Au
cours de la même période, l’espace sous-régional
était parcouru par des caravaniers reliant le Sahel au
nord à la forêt au sud, en passant par les zones de
savane au centre. Ces mouvements furent réorientés
par le système colonial qui leur imprima les formes et
les caractéristiques actuelles. Tributaires de nos jours
des aléas climatiques et d’une pauvreté ambiante
(pauvreté des sols par ailleurs surchargés, faiblesse
de la production alimentaire, etc.), les migrations
de population constituent une des caractéristiques
essentielles de la vie socio-économique du Burkina
Faso. Plus que par le passé, la recherche du mieux-
être individuel et collectif, constitue pour les populations
burkinabé notamment, le principal facteur d’explication
et de la permanence des migrations au Burkina Faso.
L’abondance de la production scientifi que sur les
migrations témoigne de tout l’intérêt que la recherche
a sur le sujet.
Les réflexions sur les migrations au Burkina
Faso ne sont donc pas nouvelles, des recherches
précédentes ayant assez abordé le sujet. Les travaux
de Gbangou A. et Somé P. H. dans le cadre du
réseau «Migrations dans le Sahel», ont traité des
migrations au Burkina Faso en s’appuyant sur les
résultats des recensements de 1975 et 1985. Dans
le même registre, le réseau de recherche sur les
migrations et l’urbanisation en Afrique de l’Ouest
(REMUAO) a, au niveau régional, réalisé en 1992-
1993 des enquêtes simultanées dans huit pays de
la sous-région ouest-africaine, dont le Burkina Faso,
sur le phénomène en liaison avec l’urbanisation.
A. Ouattara a également contribué aux réfl exions
sur le sujet dans une publication sur «migrations,
urbanisation et développement au Burkina Faso»
(Ouattara, A., Travaux de l’UERD, n°8, avril 1998).
Bref, la production scientifi que sur les migrations
est abondante, mais elle demande à être toujours
enrichie compte tenu du renouvellement même
des données sur phénomène. De plus, dans un
contexte national, sous-régional et international
particulièrement mouvant, le phénomène migratoire,
quotidiennement vécu par les populations, commande
qu’on y intéresse en permanence. Traiter de ce sujet
s’inscrit par conséquent dans l’optique de faire le
point sur les migrations internes au Burkina Faso
en s’appuyant sur les données plus récentes du
recensement de 1996 comparées à celles de 1975 et
1985. En somme, par cette contribution sur «origines
et destinations des migrations internes au Burkina
Faso», l’exercice vise à contribuer à une meilleure
connaissance du phénomène à la veille du quatrième
recensement de la population prévu en 2006. Mais
avant toute considération, que faut-il comprendre
par migrant ou migration ?