Type | Working Paper |
Title | Appartenance ethnique et comportement demographique des populations au Burkina Faso |
Author(s) | |
Publication (Day/Month/Year) | |
URL | https://www.aidelf.org/images/stories/S18-5.pdf |
Abstract | Le Burkina Faso, comme d’autres pays africains, est peuplé de plusieurs groupes ethniques. Les disparités observées en termes de mortalité des enfants, de fécondité et de nuptialité peuvent être expliquées par l'appartenance ethnique. S’agissant de la mortalité, l'action des différences ethniques sur la mortalité de moins de cinq ans peut s'exercer par l'intermédiaire du concept d'étiologie qui influence le choix du système de soins ainsi que le type d'intervention sur la maladie de l'enfant (Veron, 1978). Des études empiriques montrent une forte association entre la mortalité des enfants de moins de cinq ans et l’appartenance ethnique au Kenya, au Cameroun et au Rwanda (Podlewski 1988 ; Tabutin et Akoto, 1992). Sur la base d’enquêtes réalisées dans les années 1990 dans 11 pays (Côte d’Ivoire, Ghana, Kenya, Mali, Namibie, Niger, Ouganda, République Centrafricaine, Rwanda, Sénégal et Zambie), Brockerhoff et Hewett (2000) montrent que la probabilité de décès pendant les premiers mois ou avant l’âge de cinq ans varie significativement d’un groupe ethnique à l’autre. Ces auteurs précisent que pour les pays sahéliens (Mali, Niger, Sénégal) les différences interethniques de la mortalité des enfants sont étroitement liées aux écarts dans le recours aux services de santé. De même au Cameroun, Podlewski (1988) montre que dans 30 groupes ethniques du nord du pays les taux de mortalité différaient en fonction du cadre écologique ainsi que du degré d’assimilation à la culture islamique. S’agissant du Burkina Faso des études montrent que les Peuls seraient plus résistants au paludisme, la première cause de mortalité du pays (Modiano et al. 1999). L’ethnie peut influencer la nuptialité et la fécondité par les modèles culturels (organisation sociale, environnement, etc.), les normes, les idées, les croyances et attitudes qui sont véhiculés par ses membres. Dans le cas spécifique des pays du Sahel, Hill (1985), à partir de données d’enquêtes effectuées au Mali, souligne que : « les modes de vie très différents des divers groupes ethniques composant la population nationale de n’importe quel pays du Sahel ont des chances de correspondre à des caractéristiques différentes de la mortalité et de la fécondité, même si les groupes se trouvent placés dans des milieux physiques à peu près comparables (p. 63) ». Toutefois, avec le développement de la scolarisation, de l’urbanisation et l’influence des modèles culturels étrangers véhiculés par la religion, il y a des évolutions en cours qui peuvent remettre en question certaines valeurs et/ou cultures liées à l’ethnie. Comme l’affirme Gaisie (1990, p. 613) « les cadres ethniques sont nécessairement les déterminants les plus importants du degré d’adaptation au modernisme », et notamment à l’évolution du comportement en matière de santé, de procréation et de l’adoption de nouveaux comportement sociaux (élargissement de l’espace familial de l’individu, liberté de choix du conjoint,…). La question posée est de savoir si le nouvel environnement social et culturel n’a pas influencé les écarts entre groupes ethniques, concernant par exemple, la mortalité des enfants de moins de cinq ans, l’âge d’entrée en première union et le nombre d’enfants. Notre objectif, dans cet article est d’étudier l’influence de l’appartenance ethnique, en présence uniquement des variables culturelles et contextuelles, sur les comportements démographiques des populations du Burkina Faso. |
» | Burkina Faso - Recensement Général de la Population et de l'Habitation 1996 |