Le rapport conjoint de l’OMS et de l’ONU habitat en 2010, ainsi que le rapport 2012 de l'UNICEF
soulignaient que l’expansion rapide de la population citadine constituera l’un des principaux
problèmes de santé mondiale au 21ème siècle. Selon ces rapports, les villes d’aujourd’hui ont une face
cachée ; certaines catégories de citadins étant davantage sujettes à un mauvais état de santé à cause des
disparités dans les conditions de vie et du contexte social et économique. Dans le même temps,
l’amélioration de la survie des enfants demeure au cœur des préoccupations sanitaires en Afrique
subsaharienne où la transition sanitaire est actuellement en panne (Tabutin et al., 2008; Garenne et
Gakusi, 2006; Meslé, 2003).
La Côte d’Ivoire connait depuis 1990 une absence de progrès en matière de réduction de la mortalité
des enfants. La mortalité des enfants y a évolué de manière irrégulière au cours des deux dernières
décennies. La baisse annuelle moyenne de la mortalité enregistrée sur la période 1994-2005 était
relativement plus importante dans les campagnes (1,4%) que dans les villes (1%). La crise sanitaire
fait suite à une forte urbanisation au cours des années 1970-1980, dont les effets sur l’habitat sont
particulièrement importants et qui a occasionné une crise des systèmes urbains (Antoine et al, 1987,
Attahi, 1988). Sur le plan sanitaire, la politique de recouvrement des coûts des services publics,
instaurée à la fin des années 1980 à l'issue de l'initiative de Bamako, avait considérablement remis en
cause l'accès des populations aux services de santé (Jaffré, 2003). Ce contexte est par ailleurs
concomitant à une récession économique dont les effets sur la population3
ont été exacerbés par la
crise militaire et politique de la décennie 2000.
Cette situation ne permet pas d’espérer en une amélioration de la survie des enfants ivoiriens. La crise
urbaine pousse à considérer avec attention la santé urbaine dans le contexte ivoirien. Les tendances de
la mortalité des enfants observées en Côte d’Ivoire sont-elles le reflet d’une absence d’amélioration
des chances de survie des enfants urbains ? Pourquoi les villes ivoiriennes perdent–elles leur
avantage? Les tendances observées pour le milieu urbain sont-elles le reflet d’une dégradation
sanitaire dans les milieux pauvres?