Type | Journal Article - AIDELF – Colloque international des démographes de langue française |
Title | Colloque de l’Association Internationale des Demographes de Langue Franccaise |
Author(s) | |
Publication (Day/Month/Year) | 2010 |
URL | https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01257139/document |
Abstract | Au Maroc, la famille est un pilier de l’organisation sociale. Pendant longtemps, elle a été le principal lieu d’éducation et de socialisation, de production et de consommation, de solidarité, mais aussi d’échange entre les individus (El Harras, 2006). Cette organisation a conduit trois générations d’une même famille à partager le même habitat. Qu’en est-il aujourd’hui alors que la société marocaine a connu en quelques décennies de nombreux changements socio-démographiques et économiques ? La famille nucléaire gagne-t-elle du terrain sur la famille élargie ? Dans un contexte de fin de transition démographique, on sait que les marocains âgés seront plus nombreux dans le futur, qu’adviendra-t-il de leurs conditions de vie si la cohabitation intergénérationnelle devait décliner à l’instar des évolutions observées dans les pays industrialisés ? Ce scénario a-t-il d’ailleurs une chance de se réaliser ? (Loriaux, 2002) Pour des raisons culturelles et religieuses, certaines valeurs traditionnelles d’entraide au sein de la famille marocaine restent fortes, mais le pays, notamment du fait des phénomènes migratoires et, plus globalement, de par sa participation à la mondialisation des échanges, côtoie également les valeurs occidentales où l’individualisme y est revendiqué. Aujourd’hui, certains jeunes marocains aspirent à plus d’autonomie à l’égard de leur famille. Dans quelques années, entretiendront-ils avec leurs parents et leurs grands-parents les mêmes relations que celles observées entre les générations actuelles ? Des changements de relations au sein des familles sont-ils déjà perceptibles ? Ces interrogations sur les relations intergénérationnelles relèvent d’une problématique générale qui se posera dans l’ensemble des pays du Sud achevant leur transition démographique et où les systèmes de solidarité reposent en grande partie, voire quasiexclusivement, sur les familles (Antoine et Golaz, 2010). Le cas particulier du Maroc illustre par conséquent d’autres situations qui se multiplieront dans les prochaines décennies, en Afrique et dans les régions du monde où une fécondité basse se met en place, où le nombre et la proportion de personnes âgées augmentent, où l’urbanisation connaît un développement continu. Au Maroc, plus d’un habitant sur deux vit désormais en milieu urbain, dans des logements qui sont en moyenne de plus petite taille qu’en milieu rural et dont l’agencement est également différent. Par ailleurs, malgré les transformations économiques, le système marocain des retraites n’est pas encore arrivé à maturité, et couvre une moins grande part de la population âgée que ce n’est le cas en Algérie ou en Tunisie. Si l’existence d’un revenu de remplacement (de montants très variables selon les situations) pour une faible partie de la population âgée rend alors éventuellement possible la non cohabitation avec d’autres 1 UMR CITERES, COST, Université de Tours 2 CERED, Rabat 3 UMR CITERES, EMAM, Université de Tours 4 CERED, Rabat 2 membres de la famille, qu’en est-il de la grande majorité des personnes de plus de 60 ans (et de presque toutes les femmes âgées) qui n’auront jamais de pension retraite ? Pour apporter des éléments de réponse à ces questions importantes pour l’avenir de la cohésion sociale au Maroc, nous indiquerons tout d’abord l’importance de la gérontocroissance attendue dans ce pays et les principales caractéristiques des personnes âgées 5 . Nous présenterons ensuite quelques sources d’informations permettant d’apprécier, du point de vue des personnes âgées, la cohabitation intergénérationnelle et son évolution récente. Enfin, dans une dernière partie, nous discuterons les résultats en montrant que, à côté de la famille élargie à trois générations, certes toujours prépondérante au Maroc, quelques tendances apparaissent et laissent envisager de futurs changements au sein des dynamiques familiales. |
» | Morocco - Recensement Général de la Population et de l'Habitat 2004 |