Abstract |
Qu’est-ce qui motive les parents des milieux moins aisés à investir dans une scolarisation prolongée de leurs filles ? Qu’est-ce qui amène les filles issues de ces milieux à se maintenir dans le système scolaire jusqu’à l’université ? De nombreuses recherches sur le système éducatif burkinabé montrent qu’il existe encore des disparités entre filles et garçons à tous les niveaux, avec une aggravation de l’écart à mesure que le niveau d’études augmente. Dans ces conditions, la perspective pour des filles issues de familles moins aisées de poursuivre des études supérieures est moins certaine. Pourtant, on remarque une relative présence de filles issues de ces milieux à l’université de Ouagadougou. À partir d’une enquête qualitative auprès d’étudiantes et de leurs parents, cet article met en exergue les logiques sociales qui expliquent le parcours scolaire particulier de ces filles. Le niveau de scolarisation des aînés, la place de la fille dans la fratrie ou le souci d’équité sont des facteurs à l’origine du choix de certains parents de scolariser leurs filles. Les parents se réfèrent à plusieurs formes de justification en faveur des études universitaires des filles, parmi lesquelles la logique de fidélité des filles dans le retour de l’aide revient à de multiples reprises. Quant aux étudiantes, elles évoquent des motivations diverses pour expliquer leur parcours scolaire et universitaire, souvent émaillé de difficultés, notamment la volonté d’aider leurs parents. L’article montre en outre l’importance du soutien familial dans l’entrée des filles à l’école et à l’université, ainsi que dans la poursuite et la réussite de leurs études. |