L'enseignement technique au Cameroun: le parent pauvre du systeme?

Type Journal Article - Carrefours de L'education
Title L'enseignement technique au Cameroun: le parent pauvre du systeme?
Author(s)
Volume 18
Issue 2
Publication (Day/Month/Year) 2004
Page numbers 176-193
Abstract
L’une des conséquences de l’introduction de l’école en Afrique a été le bouleversement des valeurs et des statuts des individus. Dès le départ, l’école coloniale imposait une éducation visant des objectifs qui ne tenaient pas toujours compte des aspirations des indigènes. En effet, son objectif prioritaire était de former des auxiliaires de l’administration ayant une certaine maîtrise de la langue et pouvant diffuser la culture et les croyances occidentales (agents administratifs, interprètes, instituteurs). La perspective d’une éducation ouverte sur l’avenir est clairement apparue avec l’avènement de l’indépendance vers les années soixante.
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Au Cameroun, dès la fin de la Première Guerre mondiale, les Français et les Anglais ont administré le territoire en y introduisant chacun son système scolaire. Le système éducatif camerounais s’est développé dans la logique de ce double héritage culturel  [1][1] De 1884 à 1916, le Cameroun a été une colonie allemande.... (cf. Marchand 1975; Santerre, Mercier-Tremblay, 1982, SPEC [2][2] Secrétariat permanent de l’enseignement catholique 1992). Ce qui a donné lieu à l’existence de deux sous-systèmes : le sous-système anglophone de type anglo-saxon et le sous-système francophone. Depuis lors, en conformité avec les objectifs de l’Unesco (cf. ministère de l’Éducation nationale, Mineduc 2003), le Cameroun a conçu des programmes scolaires et développé de façon globale des politiques éducatives progressives par lesquelles il a assigné à l’école des fonctions et des objectifs précis. Il en est ainsi de l’un des six objectifs adoptés à Dakar par la communauté internationale en 2000. À savoir : « Répondre aux besoins éducatifs de tous les jeunes et de tous les adultes en assurant un accès équitable à des programmes adéquats ayant pour objet l’acquisition de connaissances ainsi que de compétences liées à la vie courante. »
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Aujourd’hui, les objectifs de l’école camerounaise visent l’actualisation, la modification et l’adaptation des politiques éducatives existantes en fonction des nouvelles exigences de la société (Mineduc 2001b; 2002; Tsala Tsala 2003). Selon les derniers états généraux de l’éducation tenus du 22 au 27mai 1995, au terme de son expérience scolaire, le citoyen devra avoir une personnalité équilibrée par l’acquisition des aptitudes et attitudes pouvant lui permettre de s’adapter à son environnement et de le transformer. À la suite desdites assises, la loi sur l’orientation de l’éducation au Cameroun (du 14 avril 1998) préconise entre autres : la formation des citoyens enracinés dans leur culture, mais ouverts au monde et respectueux de l’intérêt général et commun, le développement de la créativité, du sens de l’initiative et de l’esprit d’entreprise.
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L’enseignement secondaire technique et professionnel (ESTP) nous est apparu comme un ordre d’enseignement susceptible de rendre compte du rôle que les États africains peuvent accorder à l’éducation pour leur développement. L’occasion de la mise en place récente d’un ministère chargé de l’enseignement technique et de la formation professionnelle au Cameroun est à l’origine de notre analyse. Précisément, l’objet de notre propos est de montrer comment un pays africain, le Cameroun en l’occurrence, organise et promeut un ordre d’enseignement aux fins de l’intégrer à son processus de développement. Après en avoir rappelé les jalons historiques, nous décrirons la situation actuelle de l’enseignement technique en soulignant les défis que doit relever le nouveau ministère en charge de ce secteur.

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