‪ Envois de fonds des migrants, pauvrete et inegalites de revenu au Cameroun‪

Type Journal Article - Revue Europeenne des Migrations Internationales
Title ‪ Envois de fonds des migrants, pauvrete et inegalites de revenu au Cameroun‪
Author(s)
Volume 30
Issue 3
Publication (Day/Month/Year) 2014
Page numbers 181-200
URL http://remi.revues.org/7001
Abstract
La globalisation des échanges à travers le monde a donné à l’émigration internationale de nouveaux attraits parmi lesquels une portée globale, grâce notamment à l’élargissement du bassin migratoire avec l’irruption d’acteurs nouveaux et le développement de l’éventail de destinations. Sa complexification sans cesse croissante suscite plus que par le passé un renouvellement des questionnements qui lui sont liés, tant ses enjeux sont aussi importants que multiples : économiques, sociaux, culturels, politiques, sécuritaires, etc.
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Cette émigration, quoiqu’elle pose de nombreux problèmes avec des conséquences non seulement dans les pays d’accueil, mais également dans les pays d’origine, s’accompagne d’une intensification des transferts matériels et immatériels, ce qui suscite désormais l’intérêt des décideurs politiques dans les pays d’émigration comme dans les pays d’arrivée. En effet, les envois de fonds [1][1] Les termes « envois de fonds », « transferts de fonds »... des migrants vers leur pays d’origine, qui constituent la principale retombée de cette émigration, étaient en 2010 évalués à 440 milliards de dollars, dont 325 milliards (soit 74 %) à destination des pays en développement (Ratha, 2011).
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Cet intérêt grandissant, sans cesse réaffirmé au plan international, s’est traduit par la tenue successive de plusieurs conférences internationales dans le cadre du Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement, dont celui de 2013 a permis de souligner non seulement la contribution importante des migrations à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), mais également de reconnaitre la mobilité humaine comme un facteur décisif du développement durable [2][2] Projet de résolution de l’Assemblée générale des Nations....
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Cependant, la question des transferts monétaires continue de faire l’objet de plusieurs controverses dans le débat relatif aux coûts et bénéfices de la migration internationale. D’un côté, on peut argumenter que les fonds transférés ont un impact positif tant en constituant une importante source de revenu additionnel pour de nombreux ménages (Zourkaléini et al., 2013), qu’en fournissant des devises fort utiles et nécessaires à l’importation de facteurs de production rares, non disponibles sur le plan intérieur (Ammassari, 2004). En revanche, et partant du fait que les fonds reçus sont généralement affectés aux besoins de consommation courante plutôt qu’à des fins productives, on peut opposer à cet argument celui selon lequel ceux-ci placent les bénéficiaires dans une situation de dépendance et provoquent, par ailleurs, une augmentation de la demande des biens d’importation au détriment des biens produits localement ; quand bien même cette demande n’est pas tournée vers l’extérieur, il en résulte une pression inflationniste, ce qui à terme provoque une perte de compétitivité de l’économie (Gubert, 2005).
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L’un des aspects les moins connus, notamment dans le cas de l’Afrique subsaharienne, est celui des conséquences de ces envois de fonds sur le bien-être des populations, notamment en ce qui concerne la pauvreté et les inégalités de revenu. Il convient en effet de souligner que bien qu’étant, d’après la nouvelle économie de la migration, une stratégie familiale de couverture contre les imperfections du marché et l’incertitude (Stark, 1991), la migration internationale dans de nombreux cas concerne surtout les populations les mieux nanties, à même de supporter les coûts inhérents au projet migratoire. Il en découle de ce fait que seule cette catégorie sociale en tire un réel profit particulièrement en termes de transferts (Adams et al., 2008 ; Adams, 1991 ; Barham et Boucher, 1998), ce qui nous conduit à nous interroger sur leur incidence véritable. Notre recherche a donc pour objectif d’évaluer la contribution des migrations internationales au développement des pays d’origine, notamment à travers la mesure de l’impact des envois de fonds sur la pauvreté et les inégalités de revenu au Cameroun. Afin de réaliser cet objectif, les données de l’enquête nationale sur l’impact des migrations Sud-Sud sur le développement au Cameroun réalisée en 2012 par l’Institut de Formation et de Recherche Démographiques (IFORD) avec le soutien de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) sont utilisées.
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Ce travail s’articule autour de quatre points. Le premier présente les caractéristiques des transferts de fonds au Cameroun. Le deuxième donne un aperçu empirique de l’incidence des envois de fonds sur le bien-être des bénéficiaires. Le point suivant fixe le cadre méthodologique. Enfin, le dernier est une synthèse des résultats obtenus.

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