Planification des plans nationaux de developpement conformes aux OMD. Le cas du Cameroun.

Type Report
Title Planification des plans nationaux de developpement conformes aux OMD. Le cas du Cameroun.
Author(s)
Publication (Day/Month/Year) 2010
Publisher Organisation des Nations Unies Commission économique pour l'Afrique
URL http://213.154.74.164/invenio/record/18824/files/Mdgs_Cameroun.pdf
Abstract
C’est en septembre 2000 qu’a été adopté à New York la « Déclaration du Millénaire »,
structurée autour de 8 objectifs, les « Objectifs du Millénaire pour le Développement »
(OMD), qui devraient permettre de faire reculer l’extrême pauvreté dans le monde. Lors
de la revue à moyen terme des progrès accomplis en 2005, il avait été constaté que les
résultats obtenus étaient mitigés et qu’il fallait amplifier les efforts pour se rapprocher des
cibles fixés en 2015. D’où la nécessité de mettre en œuvre des plans de développement
conformes aux OMD, notamment dans les pays pauvres. C’est dans cette optique que la
Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique a décidé d’entreprendre une
étude pour apprécier la mise en œuvre de cette résolution en Afrique et tirer les leçons de
cette expérience en vue d’améliorer le processus de planification, de mise en œuvre et de
suivi des plans de développement conformes aux OMD.
Le Cameroun, objet de l’étude, est un pays à diversité prodigieuse, tant sur le plan
humain, culturel, linguistique, économique que géographique. Son potentiel naturel fait
de lui un pôle de développement majeur en Afrique centrale où il domine largement les
échanges commerciaux et la richesse produite dans la région. L’organisation
administrative et politique repose sur la Constitution du 18 janvier 1996 qui fait du
Cameroun un Etat laïc, unitaire, décentralisé, indivisible, démocratique et social. Plusieurs
défis l’interpellent dont ceux de l’amélioration de la gouvernance politique et
administrative, la lute contre la corruption et l’achèvement du processus de
décentralisation. Ces défis ont probablement détient sur les évolutions économiques et
sociales de ces dernières années, en témoigne les trajectoires conjoncturelles
désynchronisées observées depuis 5 ans et la stagnation de la pauvreté. Il faut reconnaître
que la crise économique des années 1980 et 1990, et l’application sans discontinue des
programmes de réformes économiques soutenus par les organisations de Bretton Woods
ont eu des conséquences très variées sur le tissu économique du pays, dans la mesure où
la stabilisation financière recherchée a contribué a sapé les bases économiques du pays.
Depuis 2006, les contraintes extérieures du pays ont été desserrées, en raison de l’atteinte
du Point d’achèvement de l’Initiative en faveur des pays pauvres et très endettés
(IPPTE). Malgré les efforts accomplis sur le front de l’ajustement, l’environnement des
affaires demeure morose; plusieurs obstacles de divers ordres entravent encore la
pratique des affaires dans le pays. Parmi ceux-ci, figure en bonne place la corruption, qui
bien que réduite en comparaison des années 1999 et 2000, et nonobstant la panoplie des
instruments mis en place pour la combattre, est toujours un problème préoccupant. Il
n’est pas exclu que l’état de la corruption dans le pays ait rejailli sur le progrès social en
matière des OMD, tant les résultats obtenus à ce jour semblent décourageants, hormis
ceux relatifs à l’éducation (objectifs 2 et 3) et au Vih/SIDA (objectif 6).
Le panorama du profil des plans nationaux de développement (PND) conformes aux
OMD au Cameroun montre une tendance à la prise en compte desdits objectifs dans les
objectifs développementaux du pays. Cela est dû en partie à la mise en place d’un cadre
institutionnel d’élaboration des PND cohérents, articulé autour du CTSE/DSRP, organe
technique et paritaire qui assure la maîtrise d’œuvre du processus. Si le Cameroun a
adopté les OMD et les a traduits dans ses PND, c’est compte tenu de nombreux défis
humains qui se posent à ce pays dont l’un des plus visibles est la propagation de la
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pauvreté, avec ses corolaires que sont la famine, l’avancée des maladies infectieuses, etc.
C’est pourquoi les 8 OMD sont répartis dans les 7 axes stratégiques du DSRP dont
l’élaboration suit un processus à la fois technique et participatif, en ce sens qu’aux
analyses des équipes techniques du CTSE/DSRP, sont associées les points de vue des
populations organisées, de la société civile, du secteur privé, des universitaires et des
PTFs. A l’observation, le volet participatif du DSRP devrait être amélioré en adoptant les
critères de participation, en organisant les pauvres, en suscitant une forme de
participation de type botton up…
La première vague des stratégies sectorielles à moyen terme a concerné les secteurs de la
gouvernance, de l’éducation et de la santé; elle a été mise en place en 2000, au moment de
la parution du DSRP intérimaire et du franchissement du Point de décision de l’IPPTE.
Le processus d’élaboration des stratégies sectorielles de seconde génération démarre en
2004 et se justifie à la fois par la volonté de développer parallèlement des CDMT, et la
perspective de l’atteinte du Point d’achèvement de l’IPPTE prévue pour cette année-là
(2004). Dans l’ensemble, ces stratégies sectorielles tiennent compte des OMD, sauf dans
certains secteurs telles les infrastructures. Une des innovations majeures est l’introduction
des CDMT dont l’objectif est de faciliter l’intégration des politiques et des priorités
sectorielles au processus budgétaire. L’avènement des CDMT se fait dans un contexte où
plusieurs réformes budgétaires ont été entreprises, dont celle sur la passation des marchés
publics, l’amélioration de la gestion des dépenses publiques, etc. A ce jour, il existe un
CDMT central et plusieurs CDMT sectoriels.
Les plans de développement locaux ont pour base conceptuelle la Constitution du 18
janvier 1996. Ils remontent aux années 1970 et se justifient par la nécessité de développer
une approche inclusive du développement du territoire qui se fonde sur la reconnaissance
de ses habitants comme principaux acteurs de ce processus. Depuis 2004, une nouvelle
ère s’est ouverte avec l’avènement du PNDP qui a introduit un processus de planification
locale reposant sur le PDC. Sur la base de deux exemples de PDC, ceux d’Ombessa et de
Mengang, il ressort que les actions retenues par ces deux communes sont à la fois
cohérentes avec le DSRP et les OMD. De manière générale, le processus de formulation
des PDC part de la phase d’identification des besoins à celle de la correspondance des
budgets à la réalisation des objectifs fixés. Il s’agit de voir ici dans quelle mesure les
recettes attendues par les communes peuvent financer les actions identifiées comme
prioritaires dans les PDC. Très souvent, les budgets sont inadéquats en raison de
l’ampleur des besoins et de la faiblesse des moyens disponibles.
L’évaluation des progrès accomplis dans la réalisation des OMD repose sur un système à
deux niveaux: un dispositif statistique et un dispositif participatif. Le premier est articulé
autour de l’INS dont la mise en place ne vient que de s’achever avec la nomination en
mai 2009, des principaux responsables de l’institut. Seuls 29 indicateurs ont été identifiés
pour assurer le suivi et l’évaluation des OMD, en tenant compte de la capacité statistique
actuelle et des moyens mis à la disposition de l’INS. Certains de ces indicateurs sont
collectés à partir d’enquêtes légères, d’autres à traves des opérations lourdes qui se
déroulent en moyenne tous les 5 ans. Ces indicateurs assurent à la fois un suivi
d’exécution et un suivi d’impact. Le suivi participatif est assuré par le dispositif
participatif qui est moins institutionnalisé puisqu’il est mis en œuvre au cas par cas.
Cependant, un nouveau dispositif a été élaboré en 2006 et devrait être opérationnalisé
dans le cadre du DSRP de seconde génération. Il n’existe pratiquement pas de système de
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suivi-évaluation au niveau décentralisé; cette activité étant dévolue aux services
déconcentrés de l’INS quasiment inexistants sur le terrain.
Le processus de planification, de mise en œuvre et de suivi des PND conformes aux
OMD est confronté à plusieurs problèmes. Au niveau de l’élaboration, tous les secteurs
ne sont pas couverts par les stratégies à moyen terme; et celles qui existent n’intègrent
pas systématiquement les questions transversales telles le Vih/SIDA ou le genre. La mise
en œuvre et le suivi-évaluation des PND peinent du fait de l’insuffisance des ressources
allouées. Un bon nombre de limites a été observé lors des 3 consultations participatives
initiées depuis 2000, dont l’institution d’un système participatif parallèle et non intégré au
système politique existant. Au niveau décentralisé, si l’avènement du PNDP a permis de
développer une approche inclusive, il faut surtout regretter qu’il est avant tout un projet,
c’est-à-dire appelé à s’arrêter un jour. D’où la nécessité de créer des passerelles avec les
structures pérennes pour valoriser et internaliser les acquis du PNDP au niveau
décentralisé. Plusieurs leçons peuvent être tirées de l’expérience camerounaise, dont
l’importance des conditionnalités pour respecter les engagements internationaux et les
datelines prescrits, l’importance de la gestion axée sur les résultats tant à l’échelon central
que décentralisé, la création d’un cadre institutionnel cohérent et paritaire pour la
planification, la mise en œuvre et le suivi des PND adossés aux OMD, le souci de
chiffrer les objectifs fixés pour mieux correspondre les politiques et les ressources
disponibles via les CDMT, l’importance de la participation à toutes les étapes du
processus, la nécessité de coordonner le suivi-évaluation des OMD à partir d’une
structure centrale telle l’INS…

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