L'exploitation de l'Okok (Gnetum Africanum) par les femmes au Cameroun

Type Thesis or Dissertation - Diplôme d’Etudes Approfondies de sociologie
Title L'exploitation de l'Okok (Gnetum Africanum) par les femmes au Cameroun
Author(s)
Publication (Day/Month/Year) 2007
URL http://doc.rero.ch/record/8763/files/mem_nlend.pdf
Abstract
Ce projet de recherche repose sur la préoccupation professionnelle de construire une
problématique générale “Femmes, Environnement et Développement durable”. Son objectif est de créer
les conditions structurelles d’une association efficace entre d’un côté les préoccupations de
renforcement des capacités économiques et citoyennes des femmes, et de l’autre le souci de densifier
l’univers des potentiels humains de viabilisation des écosystèmes et de conservation des ressources
écologiques.
A cet effet, l’optique de dessiner une activité pertinente à partir des problèmes socio-
économiques réels, des besoins effectifs des femmes et des populations ainsi que des enjeux
environnementaux tangibles, a conduit à la formulation d’un prétexte méthodologique de recherche qui
devait permettre d’une part un réexamen critique des postulats avancés par les Nations Unies et
plusieurs organismes internationaux affirmant la densité de la relation entre les femmes et
l’environnement, et d’autre part la détermination des implications sociales, économiques,
environnementales et institutionnelles majeures qui en seraient mobilisées.
L’identification du phénomène de cueillette rentière du Gnetum africanum par les femmes de la
région de Sa’a en zone forestière au Cameroun a ainsi suggéré des perspectives optimales aussi bien
de recherche que d’action et découvert un important potentiel théorique et opérationnel à vocation
socio-économique. L’utilisation combinée de la Grounded Theory et de l’approche systémique a facilité
la détermination et l’articulation des implications sociales, économiques, écologiques et institutionnels
auxquelles l’exploitation de l’okok donne lieu, et finalement la formulation des enjeux les plus essentiels
en question. Elle a également permit d’observer l’évolution de l’influence structurelle du contexte
économique sur la culture et les modes de fonctionnement des populations de même que sur les
déterminants des dynamiques aussi bien quant aux rapports sociaux de sexe, qu’en tant que mutations
intervenues dans les conditions de vie des femmes, emportées au quotidien dans la gestion d’une sorte
d’embarras existentiel où se vit la contradiction entre les besoins économiques de survie qui appellent à
une exploitation sans repos des ressources forestières, et l’incapacité de s’arrêter et de faire une pause
régénératrice, en face de l’inexorable disparition à vue d’œil de ces ressources.
La disqualification du schéma économique ancien et l’affirmation prédominante des activités jadis
réservées aux femmes, ont stigmatisé certains dysfonctionnements réels de genre et cristallisé la place
centrale ainsi que l’importante responsabilité sociale de la femme, l’impact conséquent de l’assomption
qu’elle fait de ses rôles de re-création sociale, dans la stabilité des ressources des écosystèmes, et la
nécessité d’une sensibilisation des politiques économiques environnementales aux exigences du
développement durable. Les conséquences de la crise économique ont ouvert une ampleur nouvelle à
la socialité de la femme et jeté un éclairage pertinent sur les déficiences institutionnelles et leur impact
vii
structurant global, la densification des responsabilités sociales des femmes mais aussi leurs faiblesses
citoyennes ; elles ont également découvert l’influence avérée aussi bien que le potentiel remarquable
d’une ressource sauvage non ligneuse dans la microéconomie et la survie des populations.
Le visage du statut social que la femme assume avec l’avènement de la nouvelle économie
dévoile non seulement le caractère incident de l’analyse du point de vue du système patriarcal de
domination mais surtout son intérêt résiduel. Il s’avère dès lors qu’à défaut de parler de la réalité d’un
problème économique structurel, le problème des femmes tel qu’il se dégage à travers l’exploitation de
l’okok ne réside pas dans la nature ou le type de leur rapport culturel aux hommes. Ce rapport semble
de négociation, d’entente ou de gestion permanente des contre-équilibres ; il procède d’une vision plutôt
identitaire, organique et efficace de la société dans laquelle la cristallisation des identités sexuelles par
la différenciation de principe des positions et des activités, semble constituer un socle central de
viabilisation de la société.
Au lieu d’être un instrument de promotion et d’amélioration des capacités économiques et
citoyennes de la femme et de son environnement naturel et social, l’activité d’exploitation de l’okok
semble plutôt constituer un facteur dysfonctionnel. Non seulement la faiblesse de la prise en charge
structurelle de la filière provoque une exploitation frénétique qui maintient la pauvreté sociale et
intensifie la pression sur les écosystèmes, mais en plus, tout en affrontant l’adversité des obstacles et
dangers de la cueillette en forêt, les femmes doivent faire face à d’autres types de contraintes telles que
les résistances diffuses sur l’extension incontrôlée dans leur liberté de mouvement.
La formulation d’un projet d’optimisation de l’économie du Gnetum par la saisie des implications
sociales et environnementales de l’activité des femmes dans ce domaine, confirme la pertinence
opératoire de l’approche genre : en relevant la qualité de la participation à la socialité des différents
groupes sociaux, elle a favorisé l’identification des facteurs dysfonctionnels mais aussi optimisants, et
les a restitué rétroactivement comme constitutifs d’une seule dynamique sociale.
Il en émerge en fin de compte la nécessité d’élaborer les bases théoriques pertinentes du
Programme de durabilisation de l’économie du Gnetum africanum au Cameroun, autour d’une triple
orientation opérationnelle reposant sur une action, primo de citoyennement des femmes, secundo de
viabilisation du cadre institutionnel de gestion de la filière, et tertio de motivation aussi bien d’un projet
de domestication de l’okok que d’une démarche de développement des potentiels industriels
alimentaires, agro-alimentaires et pharmaceutiques de cette plante.

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