Le retour au village est-il une solution? Le cas du Cameroun

Type Book Section - Crise et population en Afrique
Title Le retour au village est-il une solution? Le cas du Cameroun
Author(s)
Publication (Day/Month/Year) 1996
Page numbers 423-441
URL http://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/pleins_textes_6/b_fdi_45-46/010008015.pdf
Abstract
La migration de retour peut être définie, dans une première approche, comme
le retour d'un migrant à son lieu d'origine. Ce déplacement peut avoir éte
programmé de longue date ou résulter d'une conjonction d'événements fortuits. Le
premier cas est bien connu et regroupe aussi bien les individus qui rentrent au
village au moment de leur retraite que ceux qui rentrent après avoir réalisé les
économies qu'ils s'&aient; fixées (pour payer par exemple une dot ou construire une
maison). Le second cas apparaît le plus souvent comme un échec de la migration
provoqué par les difficultés de la vie au lieu de destination, le chômage, les
difficultés d'intégration, l'échec scolaire ou les problèmes de santé. On peut associer
à ce cas celui des femmes qui rejoignent leur ménage d'origine après un veuvage ou
un divorce.
La crise économique qui frappe l'Afrique sub-saharienne et les politiques
d'ajustement structurel ont considérablement augmenté les difficultés de vie des
citadins, singulièrement dans les grandes villes. Dans la zone franc, la dévaluation
du franc CFA en janvier 1994 n'a fait que renforcer ce processus en touchant
directement le pouvoir d'achat des classes moyennes urbaines, mais elle a eu aussi
l'ambition de revaloriser le pouvoir d'achat des ruraux. Dans ces conditions, une
augmentation des migrations de retour, de la ville vers la campagne, est prévisible.
I1 y a tout lieu de penser que ce mouvement est amplifié par la diminution de la
solidarité traditionnelle, qui permettait au migrant d'amortir les déboires auxquels il
pouvait être confronté : "De moins en moins, les gens chercheraient en dehors de leur propre famille
pour embaucher bonnes et hommes de main" (Eloundou-Enyégué, 1992, p. 38).
"Par suite de la paupérisation et de la précarité grandissante des positions
professionnelles, les modes de solidarité par redistribution directe à partir des
classes moyennes s'essoufflent et ne serviront plus longtemps encore d'amortisseur
aux conséquences de la crise. On a constaté une tendance au repli sur la famille
élémentaire au détriment de la parentèle" (Antoine et al., 1995, p. 15-16).
Ces réflexions ne préjugent ni de l'ampleur du mouvement de retour, ni de sa
pérennité. On doit, en particulier, se demander dans quelle mesure la migration de
retour constitue une solution à la crise, si elle ne crée pas elle-même de nouveaux
déséquilibres et quelle va être sa durabilité.
La migration de retour doit être analysée en fonction de la migration ellemême,
puisqu'il faut d'abord ... avoir été un migrant pour pouvoir être un migrant de
retour. Prenons ici l'exemple du Cameroun.

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