Évaluation comparative de l'influence des limites linguistiques sur les comportements migratoires Applications au cas de la Belgique, du Cameroun et de la Tchécoslovaquie

Type Journal Article - Regimes demographiques et territoires: les frontieres en question
Title Évaluation comparative de l'influence des limites linguistiques sur les comportements migratoires Applications au cas de la Belgique, du Cameroun et de la Tchécoslovaquie
Author(s)
Publication (Day/Month/Year) 2000
Page numbers 107-124
URL https://books.google.com/books?hl=ro&lr;=&id=nIKV9oOdpgIC
Abstract
Le but de ce travail est d'examiner dans quelle mesure les phénomènes de barrières et de
discontinuités démographiques que l'on peut observer à l'intérieur des états, et plus
particulièrement des états à forte hétérogénéité linguistique peuvent faire l'objet d'une analyse
comparative visant à dégager, si ce n'est des lois, tout au moins des régularités empiriques et à
fournir des éclairages réciproques sur des situations que l'on est trop souvent tenté de juger
uniques ou exceptionnelles. Renouant avec le vieux projet de la morphologie sociale de
E. Durkheim et M. Halbawachs, nous voudrions examiner comment les phénomènes
démographiques sont révélateurs de formes passées et présentes d'organisation des sociétés
humaines et constituent des structures sociales et spatiales dotées d'une forte inertie qui
imposent des contraintes plus ou moins fortes à leur évolution future.
Les frontières linguistiques, généralement très anciennes, sont souvent considérées à tord
ou à raison comme des lignes de fracture potentielles, susceptible d'affaiblir la cohésion des
États qu'elles traversent. Obstacles objectifs à la communication, les limites linguistiques sont
souvent associées à des barrières mentales qui en redoublent les effets et qui sont d'autant plus
puissantes que limite linguistique a été historiquement redoublée par d'autres clivages
administratifs, économiques, politiques ou sociaux. Leur franchissement se traduit alors par la
présence de barrières migratoires, c'est-à-dire de réduction relative des échanges franchissant
cette limite par rapport à ceux que l'on peut observer dans des aires linguistiquement
homogènes
Pour autant, la disposition d'une langue commune ne constitue qu'un facteur parmi
d'autres dans le développement des interactions entre les membres d'une société et bien
d'autres facteurs de cohésion ou d'intégration sont susceptibles d'en contrecarrer ou d'en
amoindrir les effets négatifs. Les flux économiques et démographiques engendrés par les
complémentarités entre différentes régions du territoires disposant de potentialités différentes
et le brassage des populations opérés par les grands foyers de peuplement constituent ainsi
deux facteurs majeurs susceptibles de contrebalancer les clivages linguistiques ou
psychologiques, dès lors que les logiques spatiales qui les sous-tendent sont en contradiction
avec les précédentes.
A travers un essai d'analyse comparative de trois États traversés par une discontinuité
linguistique majeure, la Belgique (Flamands et Wallons), le Cameroun (Anglophones et
Francophones) et l'ex-Tchécoslovaquie (Tchèques et Slovaques), nous voudrions procéder à
une évaluation de l'effet des limites linguistiques sur les mouvements migratoires, en montrant
108 REGIMES DÉMOGRAPHIQUES ET TERRITOIRES : LES FRONTIÈRES EN QUESTION
ce qui relève de leur influence spécifique et ce qui relève d'autres facteurs tels que la
répartition du peuplement, le maillage administratif, le rôle polarisant des capitales politiques
et économiques.

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