Conflits et mecanismes de resolution des crises a l’Extrême-Nord du Cameroun

Type Working Paper
Title Conflits et mecanismes de resolution des crises a l’Extrême-Nord du Cameroun
URL http://earlyrecovery.global/sites/default/files/rapport_de_letude_sur_les_conflits_et_mecanismes_fin​al.pdf
Abstract
A l’Extrême-Nord du Cameroun, la permanence des conflits entre les communautés est
préoccupante. Ces conflits devenus récurrents opposent les communautés ethniques, les
communautés socioprofessionnelles (pêcheurs, éleveurs, agriculteurs) ou les membres d’un
même groupe tribal. Les causes des conflits sont liées à une histoire locale tumultueuse qui
cristallise encore les frustrations. L’accès aux ressources et le contrôle des pouvoirs
traditionnels sont les principales causes de conflits. Ces conflits sont structurels et
traditionnels dans la cohabitation des communautés. Ils se manifestent par des affrontements
violents, des tensions et inimitié permanentes qui tirent leurs origines des différences
ethniques, religieuses et des modes de production. Ces différents conflits ont favorisé la
formation d’une conscience ethnique sur fond de crispations identitaires, surtout à l’occasion
des joutes électorales ou des luttes de leadership local, lesquelles ont installé dans la durée
une fracture entre ou au sein des communautés.
Le contexte d’insécurité provoquée par les attaques de Boko Haram a reconfiguré le paysage
conflictuel de l’Extrême-Nord. Aux traditionnels conflits inter/intracommunautaires,
succèdent des conflits et tensions sporadiques entre les communautés des déplacés/refugiés et
les populations d’accueil. Dans les localités de Kousseri, Mora et Mokolo (Logone et Chari,
Mayo-Savaet Mayo-Tsanaga), ces tensions couvent et peuvent dégénérer. L’exode des
populations en direction des zones plus sécurisées produit les mêmes effets conflictuels dans
le Mayo-Kani, le Diamaré et le Mayo-Danay. La suspension de toutes les activités humaines
sur le fleuve Logone engendre une crise de ressources qui mérite une attention particulière.
Face à ces conflits qui perdurent et évoluent, les dispositifs traditionnels de gestion sont
restés fonctionnels. A ceux-là, il faut ajouter les actions des associations/comités de
développement. Ces modes de gestion apparaissent cependant inefficaces dans la mesure où
ils n’intègrent pas les principaux acteurs en conflit. Les initiatives de résolution des conflits
de la société civile restent elles aussi peu pertinentes, les actions menées restant limitées au
cas par cas. Les mesures prises par l’Etat manquent de vigueur structurelle. Celles des
autorités administratives répondent dans l’urgence au besoin de maintien de l’ordre et
n’intègrent pas un cadre global de résolution permanente des conflits. Il n’existe aucun
mécanisme permanent de prévention, gestion et résolution des conflits dans la région. Il y a
lieu de mettre en place des plateformes inclusives, de renforcer les capacités des acteurs et de
véhiculer des messages de paix pour garantir la cohésion sociale

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