Dans cet article, nous évaluons l’impact d’un grand programme marocain de développement de
type Community Driven Development (CDD). Il s’agit de l’Initiative Nationale pour le
Développement Humain (INDH) qui vise, entre autres, la lutte contre la pauvreté rurale. Nous
utilisons les données des trois vagues (2008, 2011 et 2013) d’une enquête panel de ménages.
Etant donnée la stratégie d’identification du statut de traitement des communes rurales
bénéficiaires, c’est la méthode d’évaluation d’impact dite Regression Discontinuity Design
(RDD) ou Régression sur discontinuité qui a été retenue et utilisée. L’impact de ce programme
a été estimé pour plusieurs indicateurs de résultats économiques (revenu, consommation, actifs
possédés), de développement humain (éducation et santé), de pauvreté multidimensionnelle et
de pauvreté subjective. Les impacts les plus importants ont été enregistrés pour les variables
économiques entre 2008 et 2011. Les effets du programme semblent s’être grandement dissipés
entre 2011 et 2013. Concernant les variables relatives au développement humain et à la pauvreté
multidimensionnelle, les résultats montrent une amélioration générale de tous les indicateurs en
2011 et 2013 comparativement à l’année de référence (2008). Ces améliorations concernent,
toutefois, aussi bien les communes rurales ciblées que les non ciblées par le programme évalué.
Par contre, les indicateurs relatifs à la pauvreté subjective se sont nettement détériorés au cours
du temps. Il convient de signaler que les estimations, obtenues par la méthode RDD, dépendent
fortement des bandes passantes retenues, rendant certains résultats peu robustes. En outre,
plusieurs communes rurales de contrôle, dans l’échantillon, ont été ciblées par l’INDH, à partir
de 2011. Nos conclusions recommandent que l’INDH, en tant que CDD, devrait être améliorée
au niveau de la coordination nationale et locale, ainsi qu’au niveau d’une plus grande
concentration sur des objectifs clés.