Abstract
RÉSUMÉ
(i) Pauvreté
Globalement, la pauvreté s’est accrue de 3,8 points en pourcentage, passant de 49,2% en 2002 à 53% en 2007, Ce qui est justifié par les maigres résultats obtenus sur le plan économique. En effet, sur la période, le taux de croissance moyen du PIB a été de 2,6% et celui du PIB par tête de moins 0,6%. La Stratégie de réduction de la pauvreté (SRP) a été mise en œuvre dans un contexte difficile marqué par de sérieux problèmes de gouvernance politique et économique, illustrés par une instabilité institutionnelle et un tarissement progressif de l’aide extérieure. Le niveau de l’inflation avait atteint en 2006, un record de 39%, érodant ainsi le pouvoir d’achat des ménages.
Malgré cette aggravation de la pauvreté, certains progrès ont été enregistrés au niveau de quelques indicateurs sociaux.
(ii) Éducation et alphabétisation
Dans le domaine de l’éducation primaire, le taux net de fréquentation scolaire en 2007 (57,1%) est en progression par rapport aux résultats obtenus lors du QUIBB de 2002 (54,1%). Ce rythme élevé de scolarisation a permis à la Guinée de réduire considérablement l’écart qui la sépare de la moyenne des pays de l’Afrique Sub-saharienne (62 %). Le taux d’accès au primaire est passé de 75,8% à 83,5% sur la période. Cette performance a été profitable aussi bien au milieu urbain (92,1%) qu’au milieu rural (80,4%) et aux couches pauvres de ces milieux (92,8% et 79,3%, respectivement).
En dépit du gigantesque bond accompli en matière de scolarisation, d’énormes efforts restent à faire au niveau de l’amélioration de la qualité des services fournis. En effet, le taux de satisfaction des élèves du primaire a baissé de 34,1% en 2002 à 31,2% en 2007.
En ce qui concerne le secondaire, le taux net de scolarisation (TNS) est également en progression, passant de 20,2% en 2002 à 30,2% en 2007. Il en est de même du taux d’accès qui a augmenté de 13,3 points en pourcentage sur la période 2002-2007.. Le déséquilibre continue de persister entre le milieu urbain et le milieu rural (56 % et 10,5 %, respectivement en 2002 et 22,9% et 70% en 2007.
Les attentes sont immenses au niveau du secondaire. Le pourcentage d’élèves non satisfaits des services fournis a augmenté passant de 63% en 2002 à 69% en 2007.
S’agissant de l’alphabétisation des adultes, les résultats montrent que la majorité de la population guinéenne est analphabète. Le taux d'alphabétisation pour l'ensemble du pays est estimé à 34,5% en 2007, soit une progression de 7,5 points en pourcentage par rapport à 2002. Les disparités entre sexe sont frappantes: 49,9% pour le sexe masculin et 21,5 % pour le sexe féminin. Il en est de même entre le milieu rural (22 %) mais plus élevé en milieu urbain (58,2 %).
(iii) Santé
Au cours des quatre dernières semaines qui ont précédé l'enquête, 23,2% de la population a déclaré avoir souffert d'une maladie ou d'une blessure contre 28,3% lors du QUIBB de 2002. Ce qui représente une demande potentielle de personnes susceptibles de se rendre dans un établissement sanitaire ou auprès d’un personnel médical ou paramédical ou encore auprès d’un guérisseur (besoin de services de santé). Cependant, seulement près de 16% de la population ont eu recours aux services de consultation au cours des quatre dernières semaines qui ont précédé l’interview contre 18,4% en 2002. En milieu urbain pauvre, ce pourcentage est plus faible et se chiffre à 13,4%.
Le taux d’accès de la population aux structures sanitaires est faible et se situe à 50,7% contre 40,8% en 2002
S’agissant de la qualité des prestations de services, le pourcentage de personnes insatisfaites des prestations de services de santé a légèrement baissé par rapport à 2002 (53,2% en 2002 et 50,8% en 2007).
(iv) Emploi
Les statistiques publiées sur l'emploi font référence à la situation actuelle, c'est-à-dire sur une période de référence basée sur les 7 derniers jours qui ont précédé l’interview. L'âge d'activité a été fixé à 6 ans. Pour des raisons de comparaisons internationales, les statistiques publiées ne concernent que la population âgée de 15 ans et plus. Il faut noter qu’il est difficile de comparer les chiffres du QUIBB de 2002 de ceux de 2007 du fait que certaines questions supplémentaires ont été posées pour mieux cerner le chômage.
Les statistiques du chômage sous l'optique de la situation actuelle telles que le recommande le Bureau International du Travail (BIT), révèlent que le chômage est un phénomène purement urbain. Le taux de chômage est de 3,2 % au niveau de l’ensemble du milieu urbain dont 4,3 % à Conakry.
Le sous-emploi c'est à dire la sous utilisation des capacités de travail des individus occupés est manifeste. Le taux de sous-emploi visible est de 9,1% (11,1% en milieu rural et 5,4% en milieu urbain).
(v) Perception de la situation économique
Sur la période 2002-2007, la situation économique des ménages à l’instar de celle du cadre macroéconomique de la Guinée, s’est fortement dégradée. Les ménages se trouvant dans cette situation représentent 52,1 % en 2007 contre 36,4 % en 2002. Seulement 37% des ménages interviewées ont estimé que leur situation est demeurée stable contre 45,6% en 2002.
Dans les cas extrêmes, au niveau de 14,5% des ménages, des enfants ont été exclus de l’école pour défaut de paiement. Cette proportion atteint 30% en milieu urbain pauvre. Environ 38% des ménages ont été incapables de se soigner par manque d’argent. Au niveau des couches pauvres, cette proportion atteint 40% en milieu rural pauvre et 39% en milieu urbain pauvre.
Les stratégies de survie utilisées par les ménages pour faire face à la dégradation de leurs conditions de vie sont les suivantes:
- substituer aux produits couramment consommés d’autres moins chers (88% des cas de réponse) ;
- acheter les mêmes produits mais réduire les quantités consommées (83,6% des cas de réponse) ;
- réduire le nombre de repas (79,4% des cas de réponse) ;
- sacrifier les dépenses de types loisirs (75,5% des cas de réponse) ;
- se déplacer moins (72,4% des cas de réponse) ;
- cher un logement moins cher (55,4%) ;
- sacrifier les dépenses d’éducation (45,4%) ;
- sacrifier les dépenses de santé (39,6%).
(vi) Habitat
Les ménages propriétaires de leur logement en 2007 représentent 87,3% des ménages guinéens contre 79% en 2002. Un peu plus d’un ménage sur dix est locataire (10,6%. Ce pourcentage était de 13,5% en 2002. En milieu urbain, les ménages propriétaires ne représentent que 63% en 2007 contre près de 45 % en 2002.
Environ deux logements sur trois sont couverts de tôle métallique (66%) et 32% sont couverts de chaume ou de paille. En 2002, plus de la moitié des logements sont couverts de tôles métalliques (59,7 %). Les habitations couvertes de chaume représentent 37.4 %.
La majorité des ménages guinéens (59%) habitent des logements dont les murs sont en banco ou en briques de terre (graphique 3.1). Les constructions en dur (murs en briques de ciment) ne représentent que 21%. Celles en semi-dur (murs en briques cuites ou en terre stabilisée) totalisent 18%.
La majorité des ménages guinéens (59% en 2007 et 63,5% en 2002) habitent des logements dont les murs sont en banco ou en briques de terre. Les constructions en dur (murs en briques de ciment) ne représentent que 21%. Celles en semi-dur (murs en briques cuites ou en terre stabilisée) totalisent 18% (ce ratio était de 14% en 2002).
Près de la moitié (48%) des ménages utilisent cette source. Par rapport à l’enquête QUIBB de 2002, les résultats montrent que des progrès importants ont été réalisés dans le domaine des forages. En effet, à cette époque, même si le forage constituait déjà la première source d’approvisionnement en eau, la proportion de ménages qui s’y approvisionnent n’était que de 35%. Ce progrès a bénéficié davantage aux populations rurales où le forage constitue la principale source d'approvisionnement pour près de 61% des ménages.
Les puits constituent une source d’approvisionnement en eau d’un nombre important de ménages. En effet, 16% des ménages utilisent ce mode d’approvisionnement (26,1% en 2002). Parmi ces puits, 6% sont des puits aménagés (7,5 % de puits protégés ou de sources aménagés).
Moins d’un ménage sur cinq s’approvisionne en eau à partir d’un robinet (19%) contre 21,6% en 2002. Les eaux de surface continuent d’être utilisées comme source d’approvisionnement en eau par 16 % des ménages. Ce ratio était le même qu’en 2002.
Les latrines constituent le type de toilette le plus couramment utilisé par les ménages (75,8% en 2007 et 67,6% en 2002). Toutefois, on note que pour plus de la moitié de ces ménages que ces latrines ne sont pas couvertes (53,6% en 2007 et 44,4% en 2002). Près de 21% des ménages ne disposent d’aucune toilette ( ce ratio était de 26 % en 2002)..
La principale source d’éclairage demeure le pétrole lampant (47% en 2007 et (65,3% en 2002). L’électricité n’est utilisée que par 20,7% de l’ensemble des ménages (19 % en 2002).
Près de 78,2% des ménages utilisent le bois et 20% le charbon de bois pour faire la cuisine (ces ratios sont 76% et 23%, respectivement en 2002). Ce qui constitue une véritable pression sur le couvert végétal.
(vii) Accès à l’eau potable
Le taux d'accès à l'eau potable au niveau de l'ensemble du pays est passé de près de 62 % en 2002 à 73,8% en 2007, en nette progression par rapport de 12 points en pourcentage.
(Viii) Démocratie et gouvernance
L’évaluation de la SRP a révélé que le déficit de gouvernance a été une des contraintes majeures à l’atteinte des objectifs fixés. Le module « démocratie et gouvernance » vise à cerner les opinions de la population âgée de 18 ans et plus par rapport à ces thématiques. De nos jours donc, les deux notions de Démocratie et de Gouvernance sont considérées comme des facteurs essentiels qui influencent le niveau de développement des nations.
Démocratie
En général, les populations guinéennes adhèrent fortement à l’esprit de la démocratie. Près de 89% de la population âgée affirment être favorables et parmi eux 83% y sont très favorables. Cependant, ils sont conscients dans leur majorité que celle-ci connaît des disfonctionnement (51%).
Les Guinéens estiment que les caractéristiques essentielles d’une bonne démocratie citées concernent l’application effective de la Loi à tous les citoyens sans distinction (80% des cas de réponse, une justice efficace (79,6% des cas de réponse), l’organisation d’élection libres et transparentes (77,7%) et la Liberté dans l’exercice des activités politiques (76,6%).
Près de 75% des personnes interviewées estiment que les conditions pour des élections libres et transparentes en Guinée, sont la création d’une CENI, la libre circulation des partis politiques et la révision du fichier électoral. Suivent la Confection et la distribution des cartes numérisées (73,8%) et la neutralité de l’administration (72,3%).
Un peu plus de 7 Guinéens sur 10 se reconnaissent à travers un parti politique. Toutefois, une proportion non négligeable (30%) de citoyens ne se reconnaît à travers aucun parti politique.
Gouvernance
S’agissant de la gouvernance, les personnes interviewées n’ont pas une opinion très favorable de l’administration et de ses services publics. Les indices de confiance (pourcentage d’individus ayant tout à fait confiance à une structure) des services de l’administration, des organisations de la société civile permettent de les classer en structures crédibles et structures peu crédibles aux yeux de la population.
- Structures crédibles (indice de confiance supérieur ou égal à 50%) : syndicat des travailleurs (77,2%), presse privée (51,2%) ;
- Structures peu crédibles (indice de confiance inférieur à 50%) : système éducatif 41,7%), système santé (33,1%), administration publique (31%), presse publique (29%), partis politiques (25,8%), services de sécurité (21,6%),conseil communal (20,9%), système judiciaire (20,5%), cour suprême (18,1%), assemblée nationale (17,5%) et administration fiscale (15%).
Corruption
Environs neuf guinéens sur dix (89%) estiment que la corruption constitue un problème majeur pour notre pays et 7,4% de guinéens affirment avoir été victime de corruption de la part des fonctionnaires au cours des 12 derniers mois ayant précédé l’enquête. Le montant total de la petite corruption (corruption au quotidien) est estimée annuellement à 90,4 milliards de Francs Guinéens. Les populations victimes de la corruption des fonctionnaires l’ont été le plus souvent lors de l’établissement de pièces administratives, de l’usage des services de santé et de l’éducation, du recouvrement des impôts et amendes, et du règlement des contentieux.
Les forces de sécurité sont les plus impliquées dans la corruption (32%)., suivies des services de l’administration locale (20%), des services de l’éducation (12%), de l’administration générale (8,6%) et des services sanitaires (6,7%).
La grande majorité des guinéens estiment que la corruption n’est pas en baisse dans le pays. . Dans ce cadre 42,4% des guinéens ont estimé que la petite corruption est demeurée stable et pour 25,7% des guinéens, elle est en hausse. S’agissant de la grande corruption (corruption au sommet de l’Etat), les pourcentages sont les suivants : stable (36,8%) et en augmentation (29,6%).
(ix) Priorités des guinéens
La lutte contre la hausse des prix est la première préoccupation des populations guinéennes à laquelle le Gouvernement doit faire fasse au cours des prochaines années (20%), suivi de la lutte pour la sécurité alimentaire (17%), de la fourniture d’eau et d’électricité (13%), de la lutte contre l’insécurité (11,4%) et de la création d’emploi (10,3%).