Le séisme de janvier 2010 qui a dévasté Port-au-Prince et de ce fait accablé l'économie
haïtienne déjà mal en point, a suscité un émoi et un élan de solidarité à travers le monde.
Beaucoup d'inquiétude a surgi par la suite quant au bon usage des fonds, considérables à
l'échelle du pays, dépensés et prévus. Dans le domaine de la planification, plusieurs documents
ont été produits dans le but d'orienter les politiques sectorielles ou transversales. Ces
documents pêchent souvent par manque d'un cadre conceptuel sur lequel peuvent s'appuyer
l'étude des faits. Cela conduit parfois à des recommandations aussi hâtives que les opérations
de secours, fantaisistes aussi. L'aménagement du territoire et particulièrement la
décentralisation est un domaine prioritaire. En effet, la Constitution de 1987 exige un
remodelage de l'espace haïtien ; une nouvelle donne aussi dans la gestion du pouvoir politique
en créant des collectivités territoriales autonomes. C'est ainsi que le Comité Interministériel
d'Aménagement du Territoire (CIAT) a produit deux documents de planification territoriale. L'une
concerne l'ensemble du pays, l'autre essentiellement les départements du Centre et de
l'Artibonite. Une analyse de ces documents soulève de sérieuses questions.
Avant de commencer, il est utile de revoir la mission formelle du CIAT, créée en 2009, composé
du Bureau du Premier Ministre et de six ministères, et qui est animé par un Secrétariat
Technique.