Abstract
SYNTHESE DES PRINCIPAUX RESULTATS
L'Enquête Intégrée de Base pour l'Evaluation de la Pauvreté (EIBEP), exécutée sur une période de 12 mois (23 octobre 2002-22 octobre 2003) et portant un échantillon national de 7.612 ménages fait partie d'une série d'enquêtes programmées dans le cadre du suivi et de l'évaluation de la mise en oeuvre de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (SRP) et des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Elle a été réalisée en même temps que l'enquête sur le Questionnaire des Indicateurs de Base du Bien Etre (QUIBB) et sur le même échantillon. L'objectif de ces enquêtes est de suivre la mise en oeuvre de ces initiatives et d'évaluer leur impact sur les conditions de vie des ménages et la pauvreté.
L'EIBEP est une enquête à objectifs multiples. Elle couvre tous les aspects de niveau de vie des ménages: caractéristiques démographiques, éducation et alphabétisation, santé, emploi et travaux domestiques, migration, logement, dépenses et revenus, activités agricoles, activités non agricoles. L'EIBEP comporte aussi un volet alimentaire qui fournit des détails sur la typologie des aliments consommés en Guinée, la composition des mets et leur apport calorique et protéïnique.
Le présent rapport de synthèse de l'EIBEP fournit de façon détaillée, l'ensemble des indicateurs socio-économiques sur les conditions de vie des ménages en Guinée au cours de l'année 2002 considérée comme année de démarrage de la mise en oeuvre de la Stratégie de Réduction de la Pauvreté (SRP). Il dresse également les tendances de ces indicateurs sur la période 1994-1995. Les indicateurs ainsi obtenus sont indispensables pour la planification, le suivi et l'évaluation de la SRP et des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). La base de données de l'EIBEP est aussi un outil indispensable pour tous ceux qui souhaiteraient entreprendre des recherches sociologiques ou à caractère micro-économiques sur le comportement des ménages. Le rapport national est complété par une publication de la de la Banque Mondiale portant sur le diagnostic de la pauvreté en Guinée pour la période 1994-2002, les sources de revenus, les politiques tarifaires et les bénéficiaires de subvention en matière d'eau et d'électricité. Une cartographie de la pauvreté à l'échelle des CRD a été élaborée par la Direction Nationale de la Statistique (DNS) en collaboration avec la Banque Mondiale en utilisant les données de l'EIBEP et du Recensement Général de la Population et de l'Habitaion (RGPH) de 1996.
Le rapport national qui fait l'objet de la présente publication comporte 13 chapitres portant sur les caractéristiques socio-démographiques des ménages et de la population, la consommation des ménages, la perception des ménages sur la pauvreté, la satisfaction de leurs besoins essentiels, les priorités des ménages pour l'avenir, le profil monétaire de la pauvreté, l'alphabétisation des adultes, l'éducation de base, la santé, le logement, les services d'utilité publique, la vie asociative, l'emploi, l'utilisation du temps, les transferts, les revenus, les activités agricoles, les activités indépendantes non agricoles et les sources de revenus.
(i) Pauvreté et satisfaction des besoins essentiels de base : la pauvreté a baissé entre 1994 et 2002 mais la situation s'est fortement dégradée depuis 2003. La perception des ménages concernant leur état de pauvreté contraste fortement avec les résultats obtenus par le biais du profil monétaire de la pauvreté :les ménages guinéens estiment qu'ils sont pauvres dans leur grande majorité.
Les rapports élaborés concomitamment par la Banque Mondiale et la Direction Nationale de la Statistique, ont permis de dresser un profil monétaire de la pauvreté en 2002 et d'en dégager les tendances par rapport à 1994, année au cours de laquelle la première enquête intégrale sur les conditions de vie des ménages et la pauvreté a été réalisée. Les résultats révèlent que 49,2 % de la population guinéenne vivaient en 2002 en dessous du seuil de pauvreté absolue estimée à 387.692 FG par personne et par an et que l'extrême pauvreté touchait 19,2 % de la même population. La pauvreté continue d'être un phénomène rural :près de 60 % de la population de ce milieu est pauvre. La contribution du milieu rural à la pauvreté globale est de 86 %. La Haute Guinée (67,5 %) et la Moyenne Guinée (55,4 %) demeurent les régions les plus pauvres du pays. Cependant, la situation de la Guinée Forestière mérite une attention particulière. Elle enregistre un ratio de pauvreté de 54,4 % alors qu'elle était la région la moins pauvre en 1994. Au niveau région administrative, les régions de Kankan (66,8 %) et Labé (65 %) sont les régions les plus pauvres, suivies des régions de Faranah (61,1 %) et NZérékoré (56,1 %). Les principaux déterminants de la pauvreté identifiés par l'analyse des données de l'EIBEP sont: l'éducation, l'emploi, la localisation géographique et la dotation en capital physique. Une carte de la pauvreté à l'échelle des CRD a été dressée.
Quant aux tendances de la pauvreté en Guinée, les études concomitantes de la Banque Mondiale et de la DNS ont révélé que la pauvreté a baissé de 13,4 points entre 1994 et 2002, passant de 62,6 % à 49,2 %. Ce recul est dû essentiellement à l'augmentation du revenu par tête sur la période et à une légère réduction des inégalités (l'indice de GINI a baissé de 0,449 en 1994 à 0,403 en 2002 ). La baisse de la pauvreté sur la période a principalement bénéficié au milieu rural où la pauvreté a diminué de 22,2 points, passant de 82,1 % en 1994 à 59,9 % en 2002. En milieu urbain par contre, le phénomène s'est aggravé. A Conakry, l'incidence de la pauvreté a doublé, passant de 10,2% à 20,6 %. Pour la même période, le ratio de la pauvreté est passé de 25,8% à 26,8% dans les autres centres urbains de l'intérieur du pays. Se fondant sur la forte détérioration de la situation macroéconomique et financière de notre pays à partir de 2003, les projections effectuées ndiquent une aggravation de la pauvreté qui passe de 49,2% en 2002 à 53,6% en 2005.
S'agissant de la perception des ménages sur les questions de pauvreté et la satisfaction de leurs besoins essentiels en alimentation, éducation, santé, logement et habillment, les résultats de l'EIBEP montrent que la quasi majorité des ménages guinéens (93,2 %) estiment qu'ils sont pauvres. Ce qui contraste fortement avec les résultats obtenus à travers le profil monétaire de la pauvreté. Les signes de pauvreté selon les ménages sont l'insuffisance de moyens pour se nourrir (25 % des cas de réponse), le manque de revenus (15 %), le manque de travail (11,6 %), l'insuffisance de moyens pour se soigner (11,2 %) ou se loger (7,2 %). Concernant de la satisfaction des besoins alimentaires, 53,2 % des ménages ont estimé pouvoir s'alimenter en « quantité » et 6,6 % en « quantité et qualité ». Plus de 33 % des ménages ont déclaré ne manger ni en « qualité », ni en « quantité ». Dans le domaine sanitaire, 49,1 % des ménages ont déclaré avoir satisfait « moins que normalement » leurs besoins, près de 19 % « normalement » et 4,2 % « plus que normalement ». Près de 27 % des ménages ont déclaré qu'ils ne sont pas du tout en mesure de satisfaire leurs besoins sanitaires. En ce qui concerne, la satisfaction des besoins d'éducation, seulement 18 % des ménages ont déclaré qu'ils n'ont pas la capacité de satisfaire leurs besoins. Près de 33 % ont déclaré les satisfaire « moins que normalement », 18,3 % « normalement » et 5,3 % « plus que normalement ». L'EIBEP s'est également intéressée à la satisfaction d'autres besoins essentiels tels l'habillement et le logement.
Dans le souci de développer des stratégies efficientes de lutte contre la pauvreté, l'enquête s'est penchée sur l'opinion des ménages pour améliorer leurs conditions de vie actuelle et leur état de pauvreté. L'accès au crédit (20 % des cas de réponses), l'introduction de nouvelles technologies (16,4 %), la recherche d'emploi (près de 16 %), la recherche d'un travail supplémentaire (13,6 %), le changement de travail (9,6 %), la formation (près de 9 %) et l'émigration (6,1 %).constituent les principales solutions proposées par les ménages pour améliorer leurs conditions de vie actuelle. En ce qui concerne les priorités pour lutter contre la pauvreté, les ménages mettent l'accent sur le développement des activités génératrices de revenus (23 % des cas de réponse), la promotion de l'emploi (15,4 %), la construction d'infrastructures communautaires (13,1 %), le développement des services sociaux de base (9,6 %), la promotion de l'éducation (8,4 %), l'accès au crédit (8,2 %) et la bonne gouvernance (près de 7 %).
(ii) Accès aux services sociaux de base, aux autres infrastructures d'utilité publiqueet alphabétisation des adultes: des progrès importants ont été accomplis pour satisfaire la demande sociale sans cesse croissante dans les domaines de l'éducation et de la santé. Cependant, l'amélioration de la qualité des prestations de services demeure une préoccupation des ménages et beaucoup reste à faire en ce qui concerne l'accès aux infrastructures d'utilité publique (transport public, téléphone, service d'état civil, banque ou micro-finances etc...). Quant au niveau d'alphabétistisation des adulte, il est très bas et de fortes disparités existent entre les sexes.
Education
Le système éducatif est dominé par le système public qui absorbe 81 % des effectifs au primaire en 2002/2003. Des progrès substanciels ont été accomplis en terme de scolarisation. Le taux brut de scolaristion (TBS) au primaire est passé de 47,5 % lors de L'EIBC de 1994/1995 (EIBC) à 81 % en 2002/2003 (EIBEP). Le taux net de fréquentation scolaire (TNS) au primaire (53,3 %) est en nette progression d'environ 20 points par rapport à 1994 (33,6 %). Ce rythme élevé de scolarisation a permis à la Guinée de réduire considérablement l'écart qui la sépare de la moyenne des pays de l'Afrique Sub-saharienne (59 %). Cependant, de fortes disparités sont enregistrées d'une part entre les sexes (58,6 % pour le sexe masculin et 48 % pour le sexe féminin) et d'autre part entre les zones urbaines (82,3 % à Conakry et 76,7 % dans les autres centres urbains de l'intérieur du pays) et les zones rurales (43,7 %).
Au niveau du secondaire, le taux net de scolarisation est passé de 12,5 % en 1994/1995 à 19,5 % en 2002/2003. La scolarisation demeure faible en milieu rural (58,6 %) contre 39,4 % à Conakry et 36,2 % au niveau des centres urbains de l'intérieur du pays.
La pauvreté a une incidence sur le niveau de scolarisation des enfants. Le TNS au primaire n'est que de 43,7 % pour les enfants issus de ménages pauvres contre 64,2 % pour ceux appartenant à des ménages non pauvres. Au niveau du secondaire, le même constat se dégage : le TNS est de 10 % au niveau des élèves pauvres contre 27,3 % pour les non pauvres.
Malgré le gigantesque bond accompli en matière de scolarisation, d'énormes efforts restent à faire au niveau de l'amélioration de la qualité des services fournis. En effet, près de 67 % des élèves du primaire ne sont pas satisfaits des services fournis (47,7 % à Conakry, 55,6 % dans les autres centres urbains et 78 % en milieu rural). La principale raison de non satisfaction évoquée est le manque de livres et de fournitures (56 % des cas de réponses). Les autres motifs déclarés sont le manque ou l'insuffisance d'enseignants (près de 15 %) et l'éloignement de l'établissement (10,5 %).
Les attentes sont immenses au niveau du secondaire. Près de 65 % des élèves du primaire ne sont pas satisfaits des prestations fournies (près de 52 % à Conakry, 67 % au niveau des autres centres urbains et 84,3 % en milieu rural). La principale raison de non satisfaction évoquée demeure également le manque de livres et de fournitures (42,6 %). Les autres motifs évoqués concernent l'éloignement de l'établissement (27,8 %), le manque d'enseignants (11,5 %), la qualité de l'enseignement (5 %) et le mauvais état de l'établissement (3,6 %).
Santé
Au cours des quatre dernières semaines qui ont précédé l'enquête, 29,4 % de la population a déclaré avoir souffert d'une maladie ou d'une blessure. Ce qui représente une demande potentielle de personnes susceptibles de se rendre dans un établissement sanitaire ou auprès d'un personnel médical ou paramédical ou encore auprès d'un guérisseur (besoin de services de santé). Cependant, seulement 18,6 % de la population ont eu recours aux services de consultation au cours de la période de référence. Ce pourcentage est encore plus faible au niveau des individus pauvres (14,5 %) et d'avantage encore au niveau des individus très pauvres (12,3 %).
Le taux d'accès de la population aux structures sanitaires est faible et se situe à 39 % (28,4 % en milieu rural et 66,7 % au niveau des centres urbains de l'intérieur du pays et 63,7 % à Conakry). Ce taux demeure encore plus bas au niveau des ménages pauvres (31,6 %) contre 44,1 % pour ceux non pauvres.
S'agissant de la qualité des prestations de services, 53,7 % des individus ayant consulté un personnel du corps médical ou paramédical au cours au cours de la période de référence ne sont pas satisfaits des services fournis (près de 46 % à Conakry et 46,2 % dans les centres urbains de l'intérieur du pays et 56,8 % en milieu rural). La principale raison évoquée est le coût élevé des services (42,1 % des cas de réponses), suivi d'autres raisons telles que la qualité du traitement (près de 25 %), la longue attente (12,8 %) et le manque de médicaments (10,8 %).
Autres services d'utilité publique
L'utilisation, l'accès et la satisfaction par rapport à certains services d'utilité publique ont été abordés par l'EIBEP. Il s'agit du marché (en plein air ou couvert), des services de transport public, d'état civil, des terrains de sport, des maisons de jeunes, de la justice, de banques ou de micro-finance, de police de proximité, de poste et de téléphone Les taux d'utilisation sont généralement très faibles pour certains services : maisons de jeunes (20,3 %), téléphone (13,1 %), justice (6,4 %), services de micro-finances ou de banques (6,6 %) et poste (7,1 %).
Alphabétisation des adultes
Le taux d'alphabétisation des adultes (15 ans et plus) est relativement faible et se situe à 28,3 % en progression de 5,8 points par rapport à 1994. De fortes disparités sont enregistrés entre les sexes (45,7 % pour les hommes et 14,1 % pour les femmes) et le milieu de résidence (57,1 % à Conakry, 45 % dans les centres urbains de l'intérieur du pays et 17,1 % en milieu rural).
(iii) Dépenses et revenus des ménages: le niveau de vie saisi à travers la consommation par tête demeure très faible en Guinée. De fortes disparités sont enregistrées entre les régions. Le budget du ménage guinéen est caractérisé par l'importance de l'alimentation (y compris l'autoconsommation). La distribution de la consommation en 2002 est très inégalitaire. Les ménages guinéens tirent l'essentiel de leurs revenus des activités indépendantes non agricoles et de la rémunération du travail.
La dépense moyenne annuelle du ménage guinéen est estimée à 301.989 FG par mois. La dépense moyenne par tête, utilisée comme indicateur de niveau de vie des ménages se chiffre à 533.525 FG (469.461 FG en 19994). De fortes disparités sont enregistrées entre les régions. La situation en termes de niveau de vie s'est fortement dégradée en Guinée Forestière par rapport à la place privilégiée que cette région occupait en 1994 : la consommation par tête a chuté de 484.435 FG en 1994 à 455.204 en 2002. La dépense cumulée de l'ensemble des ménages est estimée à 4.556,1 milliards de FG.
Le bugget du ménage guinéen est caractérisé par l'importance de l'alimentation qui représente 52,7 % du budget total des ménages dont 18,4 % imputable à l'autoconsommation. Les individus pauvres consacrent 60 % de leur budget à l'alimentation contre 50 % pour les non pauvres. La part de l'autoconsommation atteint en milieu rural 29 % de la consommation totale et 59 % de la consommation alimentaire Les coefficients budgétaires des autres postes de dépenses sont les suivants : habillement (9,5 %), santé (9,3 %), logement (7,8 %), mobilier et entretien du foyer (6,7 %), transport (4 %), éducation (3,5 %). Le menu alimentaire du ménage guinéen est compsé de céréales, tubercules et pains (44 % de la consommation alimentaire), huiles et matières grasses (12,6 %), poissons (9 %), légumes (8 %) et viande (6 %). La part de l'autoconsommation alimentaire dans la consommation totale atteint 35 %. Ce ratio atteint des proportions importantes au niveau du poste « céréales, tubercules et pain » (54 %). Une attention particulière doit être accordée au riz, principal aliment de base des ménages dans les stratégies visant à assurer la sécurité alimentaire. Il représente près de 26 % de la dépense alimentaire et 59 % de la consommation de céréales. La part de l'autoconsommation dans la consommation est faible et ne représente que 43,2 %.
La répartition de la consommation en 2002 est très inégalitaire mais moins inégalitaire que celle de 1994. En effet, en 2002, les pauvres ne ne se partageaient que 23 % de la consommation totale et le reste était le fait des non pauvres. En 1994, les pauvres consommaient près 17 % de la consommation totale, les 83 % restants, étaient répartis entre les non pauvres. Ce qui se reflète à travers l'indice de concentration de la consommation qui a légèrement baissé de 0,449 en 1994 à 0,403 en 2002.
Les revenus des ménages sont constitués des revenus salariaux, des revenus nets agricoles, des revenus nets provenant des activités non agricoles, des transferts reçus, des revenus de la propriété et des revenus divers. Les ménages guinéens tirent l'essentiel de leurs revenus (69 %) des activités indépendantes non agricoles et des salaires. La seconde source (26 %) provient des activités agricoles. Les transferts ne représentent que 4 % du revenu total des ménages. Au niveau des individus pauvres, plus de la moitié de leurs revenus (55,7 %) provient des activités agricoles et la seconde source est tirée des acivités inépendantes non agricoles et des salaires (42,5 %). A l'instar de ce qui a été observé pour la consommation, les résultats montrent une forte concentration des revenus : les riches détiennent à eux seuls 71 % de l'ensemble des revenus.
(iv) Emploi et utilisation du temps: la grande majorité de la population exerce dans l'agriculture et le secteur informel urbain. La pluriactivité, le sous-emploi et le chômage constituent les principales caractéristiques de l'emploi. Le chômage prend de plus en plus de l'ampleur et touche principalement les zones urbaines. Les travaux domestiques constituent des activités essentiellement féminines. Les femmes consacrent d'énormes quantités d'heures à ces travaux improductifs. L'incidence sur le plan économique pourrait être considérable si elles étaient libérées de ces corvées.
Les statistiques publiées sur l'emploi font référence à la situation actuelle, c'est-à-dire sur une période de référence basée sur les 7 derniers jours qui ont précédé l'interview. Pour des raisons de comparaisons internationales, les statistiques publiées ne concernent que la population âgée de 15 ans et plus. Les statistiques du chômage sous l'optique de la situation actuelle telles que recommandées par le Bureau International du Travail (BIT), indiquent que le chômage frappe 3,2 % de la population active âgée de 15 ans et plus. Le chômage touche plus les hommes (4.6 %) que les femmes (2 %). Il est aussi avant tout un phénomène urbain : 6,7 % de la poulation active vivant dans les centres urbains de l'intérieur du pays 15 % de celle de Conakry sont concernés par le phénomène. En milieu rural, le chômage n'atteint que 0,4 % de la population active âgée de 15 ans et plus. Par rapport à l'EIBC, le taux de chômage est resté stable car il n'a augmenté que de 0,1 % entre 1994 et 2002. Cependant, si le taux de chômage des hommes est resté au même niveau (4,6 %) au cours de cette période, celui des femmes est passé de 1,7 % à 2 %. Par ailleurs, même si le chômage a légèrement reculé en milieu rural (0,4 % en 2002 contre 0,9 % en 1994), il a fortement augmenté à Conahry où il est passé de 10,2 % en 1994 à 15 % en 2002. Au niveau des centres urbains de l'intérieur du pays, le taux de chômage est resté stationnaire (6,1 % en 1994 et 6,7 % en 2002).
Le sous-emploi c'est à dire la sous utilisation des capacités de travail des individus occupés est est également une des caractéristiques de l'emploi en Guinée. L'enquête montre que près d'un travailleur sur cinq (19,8 %) est sous-employé (22,6 % pour les individus de sexe masculin et 17,5 % pour ceux de sexe féminin.
La majorité des pauvres (85,4 %) travaillent dans l'agriculture. Le secteur informel demeure le principal refuge des actifs occupés qu'ils soient pauvres ou non pauvres. Près de 98 % des pauvres y exercent leurs activités contre 89 % chez les non pauvres. Plus de la moitié des actifs pauvres (55 %) du secteur informel sont des femmes. Les emplois occupés sont saisonniers pour la grande majorité des pauvres (71 %). La grande majorité des actifs occupés (88 %) exerce une seule activité économique. Seulement un peu plus d'un travailleur sur dix (11,6 %) a déclaré avoir occupé deux emplois. La proportion des actifs qui ont exercé plus de deux occupations est négligeable (0,3 %).
S'agissant des travaux domestiques, l'enquête arévélé qu'ils sont sont des activités essentiellement féminines. En moyenne, les femmes consacrent 6,7 heures par semaine pour faire la cuisine, 2,3 heures pour le nettoyage, 2,6 heures pour la lessive, une demi-heure pour le repassage et 2,2 heures pour faire le marché. S'agissant des autres travaux domestiques, elles consacrent 1,6 heures par semaine pour la recherche du bois de cuisine et 2,5 heures pour l'eau L'incidence sur le plan économique pourrait être immense si des mesures appropriées étaient prises pour alléger les travaux domestiques des femmes par l'installation de puits de forage dans les villages, l'aduction dans les centres urbains, l'utilisation de foyers améliorés, la mise à disposition d'actifs physiques (pileuses ou décortiqueuses) et la création d'infrastructures communautaires.
(v) Activités agricoles : L'agriculture est la principale activité des ménages guinéens mais elle demeure encore sous-équipée.
L'agriculture demeure la principale activité des ménages guinéens et procure aux ménages ruraux l'essentiel de leurs revenus. Plus de 64 % des ménages guinéens possédent des terres agricoles de taille moyenne 8 Ha et pratiquent généralement en même temps l'élevage. La valeur du cheptel est estimée à 1.364,1 milliards FG. L'agriculture demeure encore aratoire, les taux d'équipements en outils mécanisés sont très insignifiants: tracteur (0,1 %), motopompe (0,2 %), décortiqueuse (0,4 %), pileuse (0,2 %) et pulvérisateur (0,2 %).
(vi) Habitat et accès à l'eau potable: la quasi-totalité des ménages guinéens sont propriétaires de leur logement. Cependant beaucoup reste à faire pour améliorer les commodités du logement en termes d'éclairage à l'électricité, d'aménagement des toilettes, d'approvisionnement en combustible de substitut au bois et au charbon pour faire la cuisine. De progrès importants ont été accomplis en matière d'approvisionnement en eau potable surtout en zone rurale. Cependant, des disparités frappantes subsistent entre les régions.
Habitat :
Plus de 77 % des ménages guinéens sont propriétaires de leur logement, 14 % sont locataires et 7,6 % sont logés gratuitement. Le milieu urbain, est caractérisé par le nombre élevé de ménages locataires (54,2 % à Conakry et 31,4 % dans les centres urbains de l'intérieur du pays). En moyenne un ménage occupe 3,3 pièces, ratio identique à celui estimé lors de l'EIBC (3,2 pièces). Un second indicateur de densité dans le logement concerne le nombre de personnes par pièce qui est de 2,5 (ce ratio est de 2,4 personnes par pièce lors de l'EIBC). La promiscuité est plus prononcée dans les centres urbains, notamment à Conakry où on décompte 3,2 personnes par pièce. Plus de la moitié des logements (près de 60 %) sont couverts de tôles métalliques. Les habitations couvertes de chaume représentent 39.1 %. En 1994, lors de l'EIBC, la situation était inverse, on décomptait plus d'habitations couvertes de chaume/paille (51,7 %) que de tôles (47,4 %). Les murs extérieurs des habitations sont généralement en banco ou en brique de terre crue (64,7 %). Ce qui dénote l'état de précarité des logements d'environ deux ménages sur trois. Ce ratio est en baisse par rapport à ce qui a été observé lors de l'EIBC de 1994 où 72,6 % des murs des habitations étaient en banco. Les constructions en dur (mur en briques de ciment ) ne représentent que 21,7 %, celles en semi-dur (mur en briques cuites ou en terre stabilisée) totalisent 12,5 %.
Certaines commodités du logement telles que l'approvisionnement en eau de boisson, le type de toilette utilisé, la source d'éclairage et le combustible utilisé pour faire la cuisine ont été également cernées. La principale source d'approvisionnement en eau de boisson utilisée par les ménages est le forage (34 %), en forte hausse par rapport à 1994 (19 %). En milieu rural, les forages constituent la source dominante d'approvisionnement en eau (45,6 %) Le robinet vient en deuxième position (22,1 % en 2002 contre 18,7 % en 1994). L'usage des puits concerne 19,4 % des ménages dont 4 % de puits améliorés et 15,5 % de puits ordinaires. Les eaux de surface continuent d'être utilisées comme source d'approvisionnement en eau de boisson par 16,5 % des ménages. Ce ratio est en baisse de 7,5 points par rapport à 1994. Les latrines constituent le type de toilette le plus courant dans les logements (66,8 % dont 44 % sont non couvertes). En 1994, un ménage sur deux utilisait les latrines. De nos jours, encore 27 % des ménages ne disposent d'aucune toilette.
La principale source d'éclairage demeure le pétrole lampant (65,3 %). Ce ratio est en baisse de 3 points par rapport à 1994. L'électricité n'est utilisée que par 19 % des ménages. La quasi-totalité des ménages qui s'éclairent à l'électricité vivent en milieu urbain principalement à Conakry. Le feu de bois continue de nos jours à être utilisé comme source d'éclairage par près de 6 % des ménages.
En ce qui concerne le principal combustible utilisé pour faire la cuisine, près de 76 % des ménages utilisent le bois et 23 % le charbon de bois. Ce qui constitue une véritable menace sur l'environnement.
Eau potable
Le taux d'accès à l'eau potable au niveau de l'ensemble du pays se chiffre à près de 62 % et est en nette progression par rapport à 1994 (51,5 %). Cependant de fortes disparités sont observées entre le milieu urbain et le milieu rural (85,6 % et 52,3 %, respectivement) et entre les régions : 43 % dans les régions administratives de Kindia et Mamou contre 73 % à Faranah et 69 % à Kankan.
(vii) Transferts: les transferts constituent une source inestimable de revenus des ménages en Guinée.
Deux ménages sur cinq ont expédié de l'argent ou des produits en nature à d'autres ménages et 36 % des ménages ont déclaré avoir bénéficié de transferts en espèce ou en nature. Plus de la moitié des bénéficiaires de transfertrs sont des femmes, résidant en milieu rural, notamment en Moyenne Guinée (69 %). Au cours des 12 derniers mois qui ont précédé l'enquête 151,1 milliards de FG ont été expédiés par les ménages et 238,4 milliards ont été reçus. Les transferts occasionnels constituent le mode dominant de transferts dont les ménages ont bénéficié et consistent généralement en des transferts en nature autres qu'alimentaires (34 %), sous forme de produits alimentaires (31 %) ou en espèces (27 %). Les transferts reçus représentent 5 % du revenu total des ménages guinéens.
(vii) Vie associative et entraide sociale : la vie associative prend de plus en plus de l'importance en Guinée. La chaïne de solidarité et d'entraide est très développée mais reste limitée par son caractère familial.
Trois personnes sur dix participent à une association (31 % pour les femmes et 28 % pour les hommes). Les types d'associations les plus courantes sont les tontines/sérés (22,4 %), les associations féminines (20 %), les associations de ressortissants de Préfecture/Sous-préfecture/Village (15,2 %), de jeunes (14,6 %), les associations socio-professionnelles (11,5 %) et religieuses (7,9 %). Les associations sous forme D'ONG ne représentent que 3,1 % de l'ensemble des associations. Près de 55 % des femmes interviwées ont demandé de l'aide au cours des 12 derniers mois contre 52 % pour les hommes. L'essentiel de cette aide provient de parents (51,6 % dont 35,1 % de parents sur place), d'amis ou voisins (41,7 %). Le recours à la communauté, à l'Etat ou aux ONG est faible.