Dans bon nombre des pays africains, les systèmes de planification économique et sociale
étaient autrefois les premiers demandeurs et utilisateurs de l’information sur l’activité de la
population, et les dispositifs statistiques se sont souvent développés sous la tutelle des
Ministères du Plan, et en réponse à ses besoins. Les années 80 puis 90 vont voir subitement les
préoccupations de court terme prendre le pas sur les prévisions à moyen et long terme et les
« ajustements économiques» successifs supplanter la planification. Il en a résulté une
dégradation des systèmes d’information statistiques en général et plus particulièrement celles
concernant l’emploi qui ne trouvaient plus preneurs pour leurs « produits » et qui
n’apparaissaient plus ni prioritaires, ni immédiatement productifs. Cette dégradation s’est
d’avantage ressentie au niveau conceptuel et méthodologique tant et si bien que les
comparaisons des indicateurs de l’activité économique des populations des pays en crise au
niveau international est devenu un exercice peu recommandable.
Au Cameroun, la conjonction d’un environnement international durablement défavorable,
de mesures de stabilisation et l’effort de restructuration productive de l’économie à travers les
Programmes d’Ajustement Structurelle (PAS) a surtout conduit à une dépression de l’activité
économique. Une telle involution s’est nécessairement répercutée d’avantage sur l’activité
économique des populations et les conditions de vie des ménages. La conséquence sur le
marché du travail a été le développement du chômage de type Keynésien.
Il existe en effet aujourd’hui au Cameroun, une convergence pour témoigner d’une
montée du chômage que malheureusement les instruments de collecte existant tardent ou ne
parviennent pas à appréhender correctement.
Le but de cette étude est de ce fait triple : d'abord, identifier les sources démographiques
de la mesure de l’activité de la population au Cameroun, ensuite analyser la variation des
concepts et des méthodes ayant présidées à leur réalisation. Et enfin ressortir les répercussions
de la crise et des programmes d’ajustements économiques successifs sur la manière
d’appréhender les concepts de population active, population occupée, chômage du sous emploi
et du Secteur informel.
Pour cela, il s’agit successivement de :
– montrer en quoi le choc de la crise économique et sa thérapie ont pesé sur la conjoncture
démographique et sur la participation à l’activité économique de la population au
Cameroun ;
– revisiter les méthodologies des sources démographiques sur la population active et les
enquêtes sur l’emploi qui ont été menées pendant cette période de crise économique ;
– montrer les répercussions de la crise et des programmes d’ajustements économiques
successifs sur les variations conceptuelles intervenues au cours des vingt dernières années
et leur incidence sur les taux d’activité, de chômage et la population active féminine.