Type | Report |
Title | Evaluation rapide de la securite alimentaire des populations refugiees et hotes de l’Adamoua et de l’Est du Cameroun |
Publication (Day/Month/Year) | 2010 |
Publisher | Programme Alimentaire Mondial, Service de l’Analyse de la Sécurité Alimentaire |
URL | http://documents.wfp.org/stellent/groups/public/documents/ena/wfp230367.pdf |
Abstract | Contexte et Justification L’arrivée des premiers réfugiés centrafricains dans les régions de l’Adamaoua et de l’Est du Cameroun date de 2005. Cet afflux de réfugiés s’est poursuivi jusqu’en 2008. En août 2010, l’effectif des réfugiés dénombré par le HCR est de 82.447 personnes dispersées dans 73 sites sur une superficie d’environ 50.000 kilomètres carrés dans les deux régions. Depuis juillet 2007, les réfugiés centrafricains sont assistés sur le plan alimentaire, sanitaire, nutritionnel et non alimentaire respectivement par le PAM, le HCR, l’UNICEF ainsi que d’autres partenaires au développement dans le cadre de l’EMOP 107350 qui prend fin le 31 décembre 2010. Outre l’évaluation initiale de février 2007 (JAM 1), d’autres évaluations ont été conduites (04 JAM, 01 PDM et 01 Evaluation décentralisée du projet en mars 2010). Elles ont toutes mis en exergue d’une part, une relative amélioration des conditions de sécurité alimentaire de ces réfugiés qui sont tributaires particulièrement d’une plus grande régularité des distributions des vivres. D’autre part, la persistance des problèmes de reconversion ainsi que les difficultés de sédentarisation ont également été identifiés comme des contraintes majeures à l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire de ces populations. Cependant, les différentes évaluations sus mentionnées n’ont pas véritablement pris en compte la problématique des populations hôtes. Elles se sont plutôt concentrées sur le groupe des réfugiés. Or, l’opération d’urgence s’achève le 31 décembre 2010 et le retour des réfugiés centrafricains dans leur pays n’est pas envisageable à court voire à moyen terme selon le contexte actuel et les avis recueillis auprès de cette population au cours des différentes enquêtes. Ainsi, une étude qui analyserait la situation sociale, économique et agricole dans les deux régions serait un préalable en vue d’engager pour la période post crise, des actions de développement plus soutenues dans la quasi-totalité des domaines socioéconomiques et impliquant aussi bien les réfugiées que les populations hôtes. C’est dans ce contexte et au regard de ce qui précède que le Gouvernement du Cameroun, avec le leadership du MINEPAT, a initié la présente évaluation approfondie de la sécurité alimentaire qui permettrait, de disposer des informations et des données susceptibles de guider les décideurs et donateurs dans l’amélioration des conditions de vie des ménages dans les régions de l’Est et de l’Adamaoua, en proposant des axes d’interventions ou projets/programmes pertinents en faveur des deux communautés (populations hôtes et réfugiés). Objectif de l’évaluation L’objectif général de cette étude est d’avoir une compréhension globale et approfondie de la situation de la sécurité alimentaire dans les régions occupées par les réfugiés centrafricains au Cameroun et de formuler une stratégie d’intervention dans le court et moyen terme. Méthodologie de l’enquête Il s’est agit d’une enquête par sondage. Des villages ont été tirés sur la liste de tous les villages des départements des deux régions qui abritent les réfugiés centrafricains. Trois strates ont été considérées : les villages des populations hôtes qui abritent en même temps des populations réfugiées, les villages des populations camerounaises qui ne se situent pas dans les environs immédiats des sites des déplacés et ne subissent donc pas directement l’effet de leur présence et finalement les sites des populations réfugiées. Puis des ménages ont été tirés dans chaque strate. Au total 507 ménages ont été enquêtés et 45 entretiens de groupe ont été réalisés avec des personnes ressources. La mission de terrain a débuté le 07 juillet et pris fin le 17 juillet soit au total 10 jours. Deux équipes ont été constituées ; l’une couvrant l’Adamaoua et l’autre le Est. Combien de personnes sont affectées par l’insécurité alimentaire ? L’enquête révèle que près d’un quart (24,1%) des ménages ont une consommation alimentaire faible ou limite. En d’autres termes, un ménage enquêté sur quatre ne parvient pas à avoir une alimentation 7 équilibrée. Dans la région de l’Adamaoua, ce taux constitue le double de celui de l’Est (32,5% contre 16,0%). L’insécurité alimentaire sévère touche 9,2% des ménages réfugiés et 5,7% des ménages hôtes dans les deux régions. Une proportion relativement élevée des ménages a une consommation alimentaire limitée (respectivement réfugiés=22,8% et autochtones=13,0%). Pourquoi ces personnes sont elles dans l’insécurité alimentaire ? L’analyse des données montre que les réfugiés manifestent le désir de mener des activités économiques et agropastorales pour faire face à leurs besoins alimentaires. Mais ils sont confrontés à différentes contraintes telles que l’accès limité à la terre et aux pâturages, manque d’eaux, manque d’intrants agricoles et d’accompagnement techniques, difficulté de reconstitution du cheptel, etc. Les opportunités d’emploi et de développement d’activités génératrices de revenu limitent aussi leur autosuffisance alimentaire. Seuls ceux qui ont la capacité de louer des terres y ont accès et les superficies exploitées sont généralement de très petite taille (entre ¼ ha et ½ ha) y compris pour les populations hôtes elles-mêmes. Ces différents éléments affaiblissent d’avantage les plus vulnérables d’entre eux. Le niveau de consommation alimentaire est faible pour 10,6% des populations hôtes et 27,6% parmi eux ont une consommation alimentaire limite. Plusieurs contraintes tant structurelles que conjoncturelles sont à l’origine de cette situation. Il y a tout d’abord la dégradation générale des conditions de vie due au retard accusé dans la promotion de certaines filières socioéconomiques, à l’enclavement des localités où ils résident surtout en saison de pluies. Ces facteurs ont affecté le pouvoir d’achat des ménages et leur capacité à se procurer des vivres sur le marché. Les disponibilités alimentaires sont réduites dans les deux régions. Cette pénurie n’est que le reflet de la situation qui prévaut au niveau national dû au faible taux de réalisation des plans d’action par les programmes et projets du Ministère de l’agriculture et du développement rural (41% pour le PNAFM1 et 18% pour le PNDRT2 ) 3 . Ces faibles performances s’expliqueraient principalement par les difficultés de déblocage des financements. Il convient d’ajouter à ces problèmes structurels, le faible rendement des activités agropastorales étroitement lié à l’absence d’appui constant des producteurs pour le respect des itinéraires techniques. En raison des crises financière, économique et alimentaire qui ont touché le monde entier ces dernières décennies, plusieurs secteurs de l’économie camerounaise ont subi un déclin important et les moyens limités de l’Etat n’ont pas permis d’investir dans les secteurs sociaux clés tels que la santé et l’éducation. Cette situation n’est pas propice au renforcement des moyens de subsistance des populations hôtes vivant des activités agropastorales. De plus, à cause de la méconnaissance des techniques de transformation et de conservation du vivrier par les populations rurales, les productions agricoles sont consommées durant les récoltes. A la limite, la durée de couverture des besoins alimentaires par les récoltes n’excède pas trois mois. Et en période de soudure, les producteurs sont contraints d’emprunter contre des intérêts assez élevés et/ou d’acheter sur le marché au moment où les prix sont les plus élevés. La productivité des populations réfugiées quant à elle, est également affectée par les difficultés liées à la reconversion de l’élevage à l’agriculture, mais aussi par un accès limité à terre. Seuls les ménages les plus nantis parviennent à louer des espaces pour cultiver. Le produit de cette activité sert en priorité à satisfaire les besoins de subsistance quotidienne. |
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