Aborder la question de l’œuvre catholique d'enseignement au Cameroun de
1890 à 2014, amène à clarifier au préalable la notion d’œuvres dans l’Église. En
effet, dans le contexte de l'Eglise, les œuvres peuvent évoquer «des initiatives
ecclésiales qui, au long des siècles et aujourd'hui encore, ont été prises dans le
domaine de la charité, de l'assistance sanitaire ou celui de l'éducation et de
l'enseignement»1
. Il s'agit ici d'une réponse pratique de l’Église aux différentes
questions que pose la promotion de la dignité de la personne humaine. Au début de
son ministère pontifical, saint Jean-Paul II avait considéré l'homme comme étant la
route de l'Eglise. L'homme auquel faisait allusion ce Pape n'est pas une abstraction.
Il s'agit de «l'homme réel», de l'homme concret et historique2
. A travers ses œuvres,
l'Eglise vise la personne humaine.
L'usage de cette notion d'œuvre est fondamentalement théologique et
anthropologique. Sa prise en compte montre que si l'évangélisation et l'annonce du
salut constituent une préoccupation ecclésiale constante à travers tous les domaines
cités, le souci de servir l'éminente dignité de la personne humaine et le bien
commun sociétal est aussi présent dans l'enseignement de l’Église, notamment dans
les textes du Concile Vatican II qui se rapportent aux œuvres de l’Église. A travers
ces œuvres, l’Église manifeste son étroite solidarité avec l'ensemble de la famille
humaine. Cette solidarité apparaît clairement au préambule de la Constitution
pastorale Gaudium et Spes sur l’Église dans le monde de ce temps. Il y est souligné,
en effet, que «les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les
espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ». S'agissant des
initiatives en rapport avec l'éducation des personnes, la déclaration Gravissimum
Educationis sur l'éducation chrétienne, précise que les tâches de l'éducation
concernent l’Église pour une raison toute particulière. En effet, l’Église « a la
charge d'annoncer la voie du salut à tous les hommes, de communiquer la vie du
Christ à ceux qui croient et de les aider par une sollicitude constante à atteindre la
plénitude de cette vie. L’Église est donc tenue de dispenser à ses enfants une
éducation qui pénétrera toute leur vie de l'esprit du Christ»3
. Dans le même sens,
poursuit le texte conciliaire, l’Église « offre son aide à tous les hommes pour
favoriser la perfection intégrale de la personne humaine, pour assurer le bien de la
société terrestre et la construction d'un monde ayant un visage toujours plus
humain».